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Pendant une bonne partie du XXe siècle, la langue fut interdite dans les écoles. Seuls 20% des Maoris néo-zélandais la parlaient couramment dans les années 1980. Ces chiffres n’avaient quasiment pas variés en 2013, quand un recensement avait montré que seuls 21,3% de la population maorie pouvaient tenir une conversation en reo. « Le reo maori est au bord du point de non retour », pouvait-on lire dans un rapport officiel de 2010 qui y voyait quasiment une langue morte. Les locuteurs les plus âgés « ne sont tout simplement pas remplacés » à leur décès.
> « Nous avons un rôle de gardien, un rôle de défenseurs du reo maori »
Des mots indigènes sont entrés dans le langage courant, comme « kai » (nourriture), « ka pai » (félicitations), « whanau » (famille)… La façon même dont s’identifient les Kiwis prend un tour de plus en plus « reo », un nombre croissant préférant parler de « Aotearoa » plutôt que de la Nouvelle-Zélande.
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La Première ministre Jacinda Ardern est une ardente défenseur de la langue, expliquant que l’un de ses plus grands regrets est d’être incapable de la parler couramment. « Nous avons un rôle de gardien, un rôle de défenseurs du te reo maori », a-t-elle déclaré récemment. « Notre travail, c’est de le nourrir, car c’est plus qu’une langue ». Mme Ardern a donné à sa fille Neve, née en juin, un deuxième prénom maori, « Te Aroha », qui signifie « L’Amour ».
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> « Voix de l’humanité »
Charles Royal, universitaire et conteur maori au musée national Te Papa (Notre endroit) est enthousiasmé par cette perspective. « On n’a jamais eu autant de locuteurs qu’aujourd’hui », dit-il. « Ce que me permet le reo maori, c’est d’énoncer qui je suis d’une manière très particulière (…) en tant que Néo-Zélandais (…) C’est le véhicule qui a initialement donné une voix à l’humanité dans cette partie du monde », relève-t-il.
D’après lui, le rejet initial de la langue maorie s’expliquait par un complexe d’infériorité et l’idée que l’histoire européenne était plus importante que l’histoire de la Nouvelle-Zélande. Eds Eramiha estime, en tant qu’acteur, que le reo est fluide, cela « coule un peu mieux que (l’anglais), le débit est différent ».
> Pour certains Néo-Zélandais, la langue et la culture maoris ne valent rien
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Selon Charles Royal, certains Néo-Zélandais pensent toujours que la langue et la culture maoris ne valent rien, mais ils sont une minorité vieillissante. Le fait que tant de non-Maoris, y compris les « pakeha » (Néo-Zélandais d’origine européenne) veulent apprendre le reo est une chose « absolument fantastique ». « Cela me rend fier d’être maori, c’est un acte de générosité de part et d’autre », dit-il.
Eds Eramiha partage ce sentiment. La passion pour cette langue est évidente lors des tournées de Taki Rua, sa troupe théâtrale, dit-il.
L’acteur se dit confiant en l’avenir. « Les gens d’autres cultures viennent me voir après nos spectacles et disent ‘Vous pouvez m’apprendre à dire bonjour (en te reo) ?' ».
« C’est un trésor pour nous de pouvoir le transmettre et un cadeau énorme de voir que d’autres gens veulent l’apprendre. C’est époustouflant ».
Rédaction web avec AFP