Crise en Guadeloupe : Lecornu aux Antilles sur fond de polémique autour de l’autonomie

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Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu est arrivé dimanche aux Antilles, où il se rend d'abord en Guadeloupe puis en Martinique, après avoir salué "un retour notable au calme" dans la nuit de samedi à dimanche dans ces deux territoires. Vendredi, le ministre avait ouvert le débat sur la question institutionnelle d'une plus grande autonomie de la Guadeloupe, provoquant la polémique.

Publié le 28/11/2021 à 13:43 - Mise à jour le 28/11/2021 à 14:28

Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu est arrivé dimanche aux Antilles, où il se rend d'abord en Guadeloupe puis en Martinique, après avoir salué "un retour notable au calme" dans la nuit de samedi à dimanche dans ces deux territoires. Vendredi, le ministre avait ouvert le débat sur la question institutionnelle d'une plus grande autonomie de la Guadeloupe, provoquant la polémique.

Cette visite intervient après plus d’une semaine de violences et d’émeutes dans ces îles françaises des Caraïbes au fort taux de chômage, en proie à un mouvement né de la contestation contre la vaccination anti-Covid obligatoire pour soignants et pompiers qui s’est étendu à des revendications politiques et sociales notamment contre la vie chère.

Sébastien Lecornu doit rencontrer lundi en Guadeloupe « des élus locaux, des acteurs économiques et des syndicats », comme le lendemain à la Martinique, a indiqué le ministère sans donner plus de précisions, ajoutant que le ministre serait de retour mercredi à Paris.

Avant de s’envoler pour les Antilles, le ministre a salué un « accord de méthode, signé cette nuit (heure de Paris) entre l’Etat, les élus locaux de Martinique et l’intersyndicale, qui permettra l’ouverture de discussions sur les principales problématiques du territoire (santé, prix des carburants, jeunesse, transport…) », souligne l’entourage du ministre.

« Certaines de ces thématiques concernent l’Etat, d’autres davantage les collectivités territoriales : chacun y prendra sa part », explique cette source qui a pris « note de l’engagement de l’intersyndicale de lever provisoirement les barrages ». « Le dialogue social pour les personnels hospitaliers et les pompiers non vaccinés se poursuivra », ajoute cette source.

Evoquer la question de davantage d’autonomie

Vendredi, dans une allocution télévisée aux Guadeloupéens, Sébastien Lecornu a affirmé que le gouvernement était « prêt » à évoquer la question de davantage d’autonomie si cela pouvait permettre de « résoudre les vrais problèmes du quotidien des Guadeloupéens ».

Depuis cette annonce, l’opposition a multiplié les attaques contre le gouvernement. « C’est l’exemple type de la fuite en avant. C’est une forme de démembrement de l’unité nationale », a fustigé dimanche le candidat à l’investiture LR Xavier Bertrand sur CNews, soulignant « qu’il était temps » que M. Lecornu se rende aux Antilles.

Le ministre des Outre-mer est « hors-sol », a renchéri Marine Le Pen sur LCI.    

À gauche, la candidate PS et maire de Paris Anne Hidalgo a dénoncé « un manque de considération ». La veille, Jean-Luc Mélenchon (LFI) avait jugé « stupéfiante » la « réponse de Macron » et appelé à ne parler statut que « le moment venu ».

La question de l’autonomie est « hors sujet », a de son côté tranché Elie Domota, porte-parole du collectif syndical LKP.

Quel degré d’autonomie ?

Il s’agit de « construire une réponse adaptée à chacun », car « chaque territoire ultra-marin est singulier », a expliqué dans un tweet samedi la présidente LREM de la commission des Lois de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, en disant « stop aux caricatures ».

Victorin Lurel, sénateur socialiste de Guadeloupe et ex-président du conseil régional, n’avait d’ailleurs pas hésité mercredi au Sénat à réclamer « une réponse politique », pas seulement « matérielle et financière ».

« La question de confiance devra être tôt ou tard posée aux élites et au peuple guadeloupéens, celle du vouloir vivre ensemble : voulez-vous, oui ou non, rester dans l’ensemble français. Il faudra bien faire tomber les masques », avait-il lâché.

Les propos de Sébastien Lecornu posent la question du degré d’autonomie.

Il a bien pris soin de ne citer que la Guadeloupe, à la fois département et région d’Outre-mer, deux institutions qui se superposent, ce qui peut complexifier les relations avec Paris, et non la Martinique, collectivité territoriale unique depuis le 1er janvier 2016.

Selon une source gouvernementale, le gouvernement a en tête le statut de la Polynésie française. La Polynésie est autonome conformément à l’article 74 de la Constitution, notamment en matière de gestion sanitaire, protection sociale et développement économique, le tout en s’appuyant sur un financement local.

La Polynésie dispose d’une Assemblée : Elle vote des lois et élit un président qui compose son gouvernement.

Si les missions de l’État y sont limitées au champ régalien (défense, sécurité, justice, monnaie), un tel modèle n’empêche pas que celui-ci « reste solidaire », souligne la source gouvernementale, notamment en cas de crise.

Pour le gouvernement, ouvrir ce débat pourrait permettre de placer les élus guadeloupéens face à leurs responsabilités.

« C’est aussi aux élus locaux d’aller au bout des débats qu’ils peuvent initier sur des questions comme l’autonomie », a insisté le ministre délégué chargé des Comptes publics Olivier Dussopt samedi sur LCI, en niant toute tentative de gagner du temps face aux manifestants.

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