« Souvenez-vous en 2004 quand la loi du Pays, on nous a dit, les Polynésiens vous vous êtes fait avoir, on vous a donné un gadget », a rappelé lors de ce colloque, Alain Moyrand, maitre de conférence.
20 ans plus tard, la loi du Pays a pourtant démontré qu’elle était loin d’être un simple « gadget ». Si elle n’a pas la même force qu’une loi nationale, elle présente le même potentiel. Alors pourquoi chercher à aller plus loin et atteindre l’autonomie législative ?
« Nos lois de pays sont encore des actes administratifs, souligne Philippe Machenaud, secrétaire général du gouvernement. Il y a plein de prérogatives qui font que ça ressemble à une loi, mais il faudrait qu’on passe le cap et que le législateur fasse basculer ça dans l’escarcelle de la loi, que ça devienne vraiment une loi ».
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C’est que depuis deux ans, la Polynésie ne cache plus ses ambitions d’autonomie législative à l’occasion d’une prochaine révision constitutionnelle. Or, à la sortie des accords de Nouméa, la Nouvelle-Calédonie est sur les rangs. La Polynésie a-t-elle intérêt à prendre le train en marche et s’inspirer du modèle calédonien ?
Pour Philippe Machenaud, « la piste calédonienne peut servir de support à la réflexion, mais je pense qu’on peut avoir nos propres ambitions (…) parce qu’on a des problématiques qui nous sont propres. Il faudrait qu’on essaye d’avoir le même statut mais avec un contrôle différent.«
Au-delà de la loi de Pays, certains juristes estiment que la Polynésie a de toute façon vocation à s’inspirer du statut calédonien, notamment sur la définition d’une citoyenneté.
« Le statut polynésien a beaucoup de qualités, mais on le verra, les Polynésiens n’échapperont pas à la définition d’une citoyenneté, c’est-à-dire une définition du périmètre du peuple polynésien, à la fois s’ils veulent exercer vraiment une compétence législative et s’ils veulent récupérer leurs droits ancestraux sur le foncier », estime Mathias Chauchat, professeur à l’Université de Nouvelle-Calédonie
Au-delà des questions foncières, ou de protection de l’emploi local, la définition d’une citoyenneté pourrait également ouvrir la voie à un référendum. Or, le scrutin d’autodétermination calédonien a démontré toute la complexité de l’exercice.