Ce mardi, c’est une Une un peu spéciale que les lecteurs de La Dépêche de Tahiti ont découvert. Un édito, en gras, explique sur une colonne, que les salariés du journal n’entendent pas baisser les bras, malgré une décision qui pourrait mettre fin à plusieurs décennies d’existence du plus vieux quotidien du fenua.
La Dépêche de Tahiti déplore « les velléités et l’acharnement d’un ancien salarié, aujourd’hui passé à la concurrence », qui a demandé la résolution du plan de continuation du quotidien détenu par l’homme d’affaires Dominique Auroy, ce qui revient à demander sa liquidation.
Le plaignant dit ne jamais avoir perçu son indemnité de départ à la retraite qui se chiffre à un peu plus de 5 millions de Fcfp.
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Le procureur de la République s’est opposé à la liquidation du groupe au motif de la préservation des emplois de la trentaine de salariés qui y travaillent.
Mais le tribunal du commerce a prononcé lundi soir la liquidation. Ce mardi, la quarantaine de salariés est sous le choc. « C’est une surprise parce qu’on espérait que les choses s’arrangent petit à petit, que des accords soient trouvés entre la direction de La Dépêche et les anciens salariés, et puis que finalement on poursuive dans le cadre du redressement judiciaire. Et puis effectivement, la nouvelle est tombée hier et ça a été assez brutal hier soir. (…) On est dans l’interrogation parce qu’on ne sait pas dans quelles mesures entre guillemets « les carottes sont définitivement cuites ou pas ». On a encore une lueur d’espoir. On espère poursuivre l’activité parce que La Dépêche dans le paysage médiatique c’est quand même important. On a encore un lectorat même si ça s’est érodé. Mais on veut y croire encore oui », déclare Damien Grivois, journaliste.
« Forcément on a une pensée pour les salariés qui sont dans l’incertitude aujourd’hui. Pour autant c’est une décision du tribunal de commerce qui me semble logique, estime Me Emmanuel Mitaranga, l’avocat du plaignant. En 2019, La Dépêche de Tahiti s’était engagée à régler les anciens salariés de La Dépêche et à trouver avec eux des accords pour régler les dettes. Et à ce jour aucune décision, aucun accord n’a été trouvé avec aucun des anciens salariés de La Dépêche. Si elle avait versé la première échéance du plan en 2019, je pense que la situation, on en serait pas là aujourd’hui. »
La direction compte faire appel de la décision. Un référé pourrait également être déposé pour suspendre les effets de la décision qui est exécutoire. À moins que le parquet ne fasse lui aussi appel.
Si La Dépêche de Tahiti venait à disparaitre, une quarantaine de personnes se retrouveraient sans emploi. Et c’est aussi la pluralité de la presse écrite en Polynésie qui serait impactée. Le quotidien devrait toutefois être présent dans les kiosques demain mercredi.