Pierre Frolla, l’homme qui volait dans l’océan

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Publié le 26/08/2017 à 8:35 - Mise à jour le 24/06/2019 à 15:54

Entre 1996 et 2007, Pierre Frolla, né en principauté monégasque il y a quarante-deux ans, est d’abord athlète de haut niveau. Il enchaîne les records en apnée. Quatre de France, deux d’Europe, et encore quatre au niveau mondial.
 
Puis, las de cette « recordite » comme il dit, il prend conscience de la nécessité de sensibiliser le public à la fragilité du milieu marin. « Mais je voulais le faire de façon différente de gens tels que Nicolas Hulot, en continuant à plonger et en cherchant à aller au contact des plus gros animaux, cachalots, raies manta ou requins, pour réaliser des choses qui touchent les gens », confie le quadragénaire à l’AFP.
 
Il crée plusieurs écoles de plongée en apnée ou en scaphandre à Monaco, tournées vers cette thématique environnementale et ouvertes aux enfants dès 8 ans. La dernière, créée en 2013 avec la princesse Charlène, est dédiée au sauvetage en mer.
 
Mais Pierre Frolla ne veut pas se limiter aux sorties avec les enfants de ces écoles. Avec une marque leader dans le domaine de la plongée, il développe d’abord une combinaison dans un souci esthétique, avant d’imaginer un produit lui permettant de pratiquer différemment sa discipline.
 
Amateur de chute libre, il a suivi avec intérêt l’essor du wingsuit, ce sport qui consiste à décoller d’une falaise et à voler comme un oiseau. Il décide alors de s’en inspirer pour sa combinaison. « Pouvoir ne faire aucun effort et parcourir en apnée de longues distances » : voilà l’objectif.
 
Un premier prototype est conçu il y a quatre ans. La combinaison en néoprène couvre le corps et se déploie aussi entre les jambes et sous les bras. « C’était super pour glisser en descendant. Mais sans mes palmes, j’avais toujours besoin de quelqu’un pour me remonter », dit-il.
 
Ces derniers mois, Pierre Frolla a trouvé la solution chez un autre partenaire. Grâce à quatre petites cartouches de gaz de 38 grammes vissées à des percuteurs, qu’il déclenche quelle que soit la profondeur, il peut remonter seul à la surface, grâce à une poche gonflable placée dans le dos, sous la combinaison.
 
L’innovation de son « Oceanwings » (le nom de sa combinaison) tient donc à la fois à la forme, au procédé de remontée et au matériau utilisé, un néoprène très souple qui permet de moins flotter, et donc de glisser plus facilement dans les courants.
 
La sensation procurée par cette combinaison révolutionnaire, seul Pierre Frolla peut en parler aujourd’hui, car il n’existe que trois prototypes, qui sont tous à sa taille.
 
Et comme il se définit volontiers comme « un sportif, un artiste et un pédagogue, mais pas un commercial », il s’empresse d’ajouter qu’aucune commercialisation n’est envisagée.
 
« Le but, c’est de s’approcher au contact des animaux, sans avoir besoin de faire des mouvements avec les bras et les jambes, et donc d’inverser la tendance, d’attirer leur curiosité et de les faire venir à moi », explique-t-il.
 
Selon la force du courant, la plongée en apnée – qui dure de trois à quatre minutes – est plus moins rapide, avec l’impression de voler si ce courant est très fort, ou simplement de planer entre deux eaux dans des mers plus calmes.
 
A terme, Pierre Frolla prévoit d’autres usages pour cette innovation: pratiquer des biopsies sur des animaux, les identifier plus aisément et effectuer diverses expérimentations.
 
En attendant, lui qui parcourt toute l’année les plus belles mers du monde pour dispenser son savoir, se prend pour un poisson volant dans les eaux turquoise de Monaco.

 

AFP

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