Selon la présidente de SOS Suicide, « les tentatives sont en hausse »

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La présidente de l’association SOS Suicide, Anie Tuheiava Mairau, était l’invitée du journal de TNTV, ce samedi, alors que cette problématique est devenue un enjeu de société en Polynésie. « Les tentatives sont en hausse », constate celle-ci qui souligne qu’elles concernent aussi les plus jeunes. Chagrins d’amour et consommation de drogue sont, selon elle, certains des facteurs explicatifs du passage à l’acte. Interview.

Publié le 04/05/2025 à 10:33 - Mise à jour le 04/05/2025 à 10:33

La présidente de l’association SOS Suicide, Anie Tuheiava Mairau, était l’invitée du journal de TNTV, ce samedi, alors que cette problématique est devenue un enjeu de société en Polynésie. « Les tentatives sont en hausse », constate celle-ci qui souligne qu’elles concernent aussi les plus jeunes. Chagrins d’amour et consommation de drogue sont, selon elle, certains des facteurs explicatifs du passage à l’acte. Interview.

TNTV : Vous déplorez ne pas avoir de chiffres sur le suicide au fenua. Comment l’expliquer ?

Anie Tuheiava Mairau : « Je peux parler de la ligne téléphonique. L’année dernière, il y a eu 500 appels, mais au niveau des consultations, (….), d’après le docteur de l’hôpital psychiatrique, (…) les tentatives de suicide sont en hausse, les chiffres sont en hausse. En revanche, au niveau des appels, nous en avons beaucoup de familles désespérées, de jeunes même, qui n’en peuvent plus. Mais nous ne sommes pas des médecins, nous sommes des bénévoles. Nous sommes allés au Canada pour apprendre comment reconnaître que la personne va se suicider. Et on oriente vers les médecins, vers les psychologues, vers des thérapeutes, des psychothérapeutes ».

TNTV : On ne va pas faire un décompte macabre, mais ce qu’on peut dire c’est que de plus en plus de jeunes passent à l’acte. Avez-vous pu en cerner les raisons ? 

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Anie Tuheiava Mairau : « Il y a plusieurs raisons. On peut dire que dans 80% des cas, c’est une rupture amoureuse au niveau des premiers amours. Les jeunes ont beaucoup de mal à surmonter cette épreuve. Ils sont très fragiles à ce niveau-là. Donc, on essaie de développer la résilience chez les jeunes. Nous intervenons en milieu scolaire, vers les ados (…) On rencontre les parents d’élèves pour développer davantage la résilience chez les jeunes. Pour nous, la prévention, c’est dans le milieu familial d’abord ».

TNTV : Un élément apparaît également dans le processus : la consommation de drogue…

Anie Tuheiava Mairau : « On s’est rendu compte depuis l’apparition de l’ice que les jeunes qui vivent un mal-être écoutent les copains et ne se confient plus aux parents. Les copains proposent soit du Paka, soit de l’ice.  Voilà le piège aujourd’hui. Les jeunes sont confrontés à ce problème. Et c’est pour cela que nous intervenons en milieu scolaire de plus en plus (…) dans toutes les îles de Polynésie (…) On travaille avec les infirmières scolaires qui nous signalent qu’il y a vraiment un mal-être chez les jeunes ».

TNTV : Pour ce travail de prévention, d’accompagnement et de formation, estimez-vous qu’il faudrait des moyens supplémentaires pour agir ? 

Anie Tuheiava Mairau : « Je remercie le Pays et la CPS qui nous donnent les moyens pour payer les psychologues, les aidants. Mais ils nous font davantage de volontaires, de bénévoles. Il y en a qui viennent se former et puis qui n’arrivent pas à gérer. Ce n’est déjà pas mal qu’ils viennent se former, au moins dans leur famille, dans le quartier, ils s’en occupent. On essaie de former des sentinelles de prévention pour que dans leurs quartiers, ils puissent gérer. Cela veut dire, le premier secours. De prendre tout de suite la personne qui est mal, avant d’avoir des pensées suicidaires. Ça commence par un mal-être d’abord. On leur apprend à reconnaître les signes et comment prendre en charge ».

TNTV : Malgré ce soutien, vous faites également un appel aux dons…

Anie Tuheiava Mairau : «   Oui. La Fondation Anavai nous soutient. On veut faire un film comme document pédagogique pour les jeunes, parce que le visuel est important. On s’est rendu compte qu’au bout d’une heure de cours dans les collèges et les lycées, ils sont fiu (…) On a besoin de vous pour faire un don à Fondation Anavai, au profit de SOS Suicide, pour payer celui qui fera le film ».

TNTV : In fine, qu’est-ce qui fonctionne ? Une nouvelle vie est-elle possible ? 

Anie Tuheiava Mairau : « C’est difficile de répondre à cette question. Qu’est-ce qui peut fonctionner aujourd’hui ? (…)  Les familles sont démunies. Souvent, ce sont des parents seuls, la maman est toute seule, il n’y a plus de discussion, il y a des violences intrafamiliales. Il y a vraiment un problème de société en Polynésie, et je pense que l’Église a sa part dans la prévention de ces problèmes ».

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