Vidéos – Air Moorea est-elle coupable ou non de manquement à la sécurité de ses passagers ?

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Publié le 02/10/2017 à 15:16 - Mise à jour le 02/10/2017 à 15:16

Un an de prison avec sursis et des interdictions d’exercer durant une à trois années ont été requis par le procureur de la République à l’encontre des prévenus.  Un mécanicien, le contrôleur de production et l’un des pilotes de la compagnie Air Moorea contre laquelle 1,5 million d’amende a également été requis.

Les trois hommes sont accusés de ne pas avoir rempli leur obligation de sécurité et d’avoir mis en jeu la vie des passagers et des équipages de la compagnie. En cause : le câble de gouverne de l’aileron d’un Twin Otter. L’appareil avait continué ses rotations en décembre 2007 à l’occasion du festival des Marquises. Or le câble n’avait pas été posé correctement ce qui avait provoqué son usure prématurée.

Pourtant le pilote avait décelé un durcissement du manche mais il n’avait pas cru bon, comme le mécanicien, d’immobiliser l’avion pour inspection. Il faudra attendre la révision des 125 heures pour que le problème soit décelé.

Si pour le ministère public, les trois prévenus ont tous failli à leurs missions, leurs avocats ont martelé que rien de pénalement répréhensible ne pouvait leur être reproché. C’est ce qu’entend Me Quinquis, avocat de la compagnie et d’un des mécaniciens incriminés.« Il faut d’abord apporter la preuve d’une faute. Il faut éviter de faire la confusion entre un simple manquement, une erreur et une faute au sens pénale du terme ».

Pour l’avocat, si il y eu manquement, il s’agirait du fait  « que de toute bonne foi, le mécanicien a estimé que l’avion était apte à assurer un vol commercial. » Pour Me Quinquis, « Ces personnes sont des vrais professionnels, ils maîtrisent parfaitement leur métier et la technique aéronautique, et sur ce point capital, l’aviation civile a estimé qu’il n’y avait pas d’incident aéronautique de nature à compromettre la sécurité. »

Et de s’interroger, « Comment le parquet peut nous dire aujourd’hui que nous sommes coupables de violation aux règles de sécurité, alors que l’aviation civile dit le contraire. »

Nikolaz Fourreau, le président de l’association 9-8-7 Crash de Moorea, qui regroupe des proches des victimes du crash survenu  survenu le 9 août 2007, déplore, lui, que chacun des mis en cause  se renvoie la balle. « Il y a un fait avéré, c’est que le câble était altéré et susceptible de se rompre. La plaidoirie de Me Quinquis est détestable puisqu’il dit qu’Air Moorea n’a rien à se reprocher et qu’elle a un passé qui le prouve. »

Pour Nikolaz Fourreau, c’est faux. « On est quatre mois après un drame qui a tué vingt personnes et on continue à avoir des dysfonctionnements majeurs sur un élément crucial de l’avion, et ça, c’est nauséabond. »

Cependant, il se félicite des réquisitions du parquet qui ouvre pour la première fois la voie à une condamnation de la compagnie. « On peut saluer l’effort du ministère public qui a pour la première fois reconnu dans ses réquisitions contre la compagnie, des dysfonctionnements, une vraie culpabilité, en demandant au tribunal des poursuites et des sanctions. De ce point de vue-là, personnellement  je trouve cela émouvant qu’enfin, quelqu’un reconnaisse dans un tribunal qu’il y ait une culpabilité. »

Le tribunal s’est donné le temps de la réflexion et rendra son jugement à la fin du mois. Quant au procès du crash du 9 aout 2007 que les familles des victimes espèrent depuis dix ans, sa date d’audiencement n’est toujours pas connue.
 
 

Rédaction web avec Jean-Baptiste Calvas et Sam Teinaore

Interview de Nikolaz Fourreau, président de l’association 9-8-7 Crash de Moorea

Interview de Me Quinquis, avocat d’Air Moorea

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