Vidéo – Mai 68 : les Polynésiens se souviennent

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Publié le 02/05/2018 à 8:58 - Mise à jour le 02/05/2018 à 8:58

3 mai 1968. En métropole, les étudiants se révoltent. Après la fermeture de l’université de Nanterre, ils se dirigent vers la Sorbonne pour un meeting de protestation. Ils en seront délogés avec force par la police.

 Les premiers affrontements de Mai 68 ont lieu le soir sur le boulevard Saint-Michel. Rodrigue Legayic a 25 ans. A cette époque, il est président de l’association des étudiants polynésiens à Paris et termine ses études d’ingénieur. Il se souvient :

« Nous étions plutôt spectateur qu’acteur mais on a vu des contestataires et on est rentré dans ces groupes. Quand les CRS ont commencé à castagner, nous nous sommes repliés vers nos lieux de réunion. »

A Paris, puis en province, l’élan de protestation contre la société traditionnelle et l’autorité est lancé. Les jeunes conduisent un mouvement d’ampleur sans précédent aux allures de révolution. Ils sont peu à peu rejoints par les syndicats ouvriers.

Jean-Paul Barral était sur place. Loin des tumultes de la capitale, il prépare alors un Capes de sciences à Montpellier. Ce dernier explique :

« C’était une année d’ébullition. Tout le monde voulait changer la société. La société était très encadrée, dans des carcans moraux et politiques. Les jeunes ne supportaient plus ça… » 

A MONTPELLIER AUSSI …

Au fil des jours, les protestations gagnent du terrain. Elles s’étendent jusque dans le sud de la France. A Montpellier, de nombreux polynésiens poursuivent leurs études. Ils adhèrent à leur tour à cette contestation des idées reçues et profitent d’une liberté de penser pour exprimer leurs opinions.

Les débats d’idées s’organisent. A cette époque, Simone Grand prépare une thèse de biologie à cette époque et côtoie le jeune Henri Hiro. L’anthropologue témoigne :

 « On trouvait ça super de pouvoir discuter avec les uns et les autres, de pouvoir contester la parole mais de pouvoir contester une parole, ce n’est pas forcément l’insulter. C’est la questionner. Henri Hiro est un soixant-huitard et c’est ça qu’il est venu apporter à sa manière en tahitien. »

Porte-parole des étudiants, Jean-Paul Barral organise des assemblées générales dans les amphithéâtres de sa faculté. Il s’intéresse de plus en plus à la politique.  

A son retour au fenua, il fonde le Ia mana te nunaa aux côtés de Jacqui Drollet. Dans ses bagages, Jean-Paul Barral ramène des souvenirs de 1968 et une envie de bousculer la société tahitienne. Il précise :

« Je parlais des difficultés des élèves polynésiens à réussir, dans notre système éducatif local qui était un système calé complètement sur celui de la France. »

A Tahiti même, les événements de Mai 1968 passent inaperçu. Seule conséquence de la grève nationale : des problèmes dans l’organisation du baccalauréat.

 Armelle Merceron s’apprête à passer l’examen.  Un jour avant les écrits, elle apprend que les épreuves sont annulées. Seul l’oral pourra se faire. L’actuelle représentante à l’assemblée de Polynésie rapporte :

« J’ai été interrogé par un monsieur qui avait été requis auprès du haut-commissariat. Ça s’est très bien passé. J’ai appris par la suite que c’était le stagiaire de l’ENA et que ce monsieur était Philippe Séguin qui est un homme politique très connu et très respecté. »

De leur vécu de mai 68, ces polynésiens n’ont conservé quasiment aucune photo. Restent les souvenirs de jeunesse et la quête de liberté gravés dans leur mémoire.
 

Rédaction web avec Thomas Chabrol et Esther Parau-Cordette 

Le reportage de Thomas Chabrol et Esther Parau-Cordette

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