Vidéo – Le don d’organe en perte de vitesse en Polynésie

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Publié le 03/02/2018 à 14:21 - Mise à jour le 03/02/2018 à 14:21

Depuis 2013, les services de secours et les médecins urgentistes demandent systématiquement aux familles de personnes en mort cérébrale s’ils sont donneurs d’organe. La réponse est presque toujours négative. Une explication revient régulièrement. « La première c’est la méconnaissance de la volonté du défunt. Ils ne savent pas ce que voulait la personne qui est décédée, s’il était pour ou contre le don d’organe. Dans ces situations c’est compliqué. On a une partie de la famille qui dit « oui je pense qu’il aurait été donneur », une autre partie qui dit « ah non moi je pense qu’il n’aurait pas été donneur » et d’autres qui disent « comment on va faire pour respecter sa volonté ». Ça finit souvent par une opposition au don d’organe parce que ça fait un désaccord dans la famille et qu’on n’est surtout pas là pour faire des conflits à l’intérieur des familles », explique Carine Domelier, infirmière à la coordination au don d’organe. 
 
En parler à ses proches ou remplir une carte de donneur permettrait d’éviter ces dysfonctionnements. Le taux de refus de prélèvement d’organe est de 60% en Polynésie, soit près du double de la métropole. « 148 patients sont sur liste d’attente avec des gens qui attendent déjà depuis, pour certains, 2 ans à 2 ans et demi. Une situation qui commence à devenir critique », selon le docteur Pascale Testevuide, néphrologue. 
 
Des représentants des confessions religieuses auraient affirmé aux équipes du CHPF que rien n’interdisait le don d’organe dans les textes sacrés. Il s’agirait simplement d’un défaut de concertation sur le sujet dans les familles. À 18 ans, Kriss a perdu l’usage de ses deux reins et a vécu au rythme de 15 heures de dialyse par semaine. Depuis qu’il a été greffé, sa vie a changé. « J’ai été transplanté à Tahiti grâce à un donneur en mort encéphalique et pour l’instant je me porte très bien. (…) Je n’ai plus à aller à l’hôpital, à me faire dialyser. Je vie une vie normale. (…) Je pense qu’avec le temps et peut-être mon témoignage et d’autres, j’espère que d’autres greffés, me rejoindront pour motiver la population à se positionner pour le don d’organe (…) Les malades ont besoin de vous. Grâce à vous on peut regagner notre dignité, avoir des perspectives plus larges de la vie »
 
Les donneurs potentiels doivent faire part de leur souhait à leurs proches ou le signaler sur une carte de donneur. Ceux qui refusent de donner leurs organes peuvent également s’inscrire sur le registre national des refus et ils doivent également en parler à leurs proches.
 

Rédaction web avec Sam Teinaore et Jeanne Tinorua – Tehuritaua

Kriss, greffé grâce à un donneur en mort encéphalique

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