L’inauguration a eu lieu en présence des autorités du Pays et de l’État, mais elle a été entachée par une polémique lancée par certains maraîchers. Ils interpellent les autorités sur la récente décision du groupe Louis Wane de ne plus s’approvisionner auprès d’eux pour les salades et les tomates.
Mama Utia est inquiète. Cette cultivatrice de tomates vient d’apprendre qu’en 2018, la grande distribution du groupe Wane ne lui passera plus de commandes. Alors qu’il lui en achète 200 000 Fcfp par semaine. « Ils m’ont dit qu’on ne devra plus livrer de tomates, salades en 2018. (…) Je vais être obligée d’aller vendre au marché ou en bord de route. »
Et ils sont une trentaine de maraîchers dans la même situation. Les magasins du groupe s’expliquent : pour eux, l’offre proposée par les producteurs de salades et de tomates ne correspond pas à la demande. Ils ont donc décidé de s’approvisionner auprès d’un nouveau producteur de Taravao qui fournira, grâce au système d’aquaponie, des produits sans pesticides chimiques et à moindre coût. « Aujourd’hui, nous, en magasin, notre objectif c’est de satisfaire nos clients et de rapporter à la fois du choix, de la qualité et des prix. Aujourd’hui il y a beaucoup de plaintes assez régulières de nos clients qui se plaignent de ne pas retrouver ces critères prix, qualité dans nos magasins. On se doit de les satisfaire. De nouveaux intervenants arrivent sur le marché et sont capables de proposer des variétés différentes, à des prix plus intéressants, avec un label également concernant la qualité des produits, c’est aujourd’hui tout à notre avantage », explique Christophe Vercauteren, directeur de Carrefour Arue en charge de la filière agricole pour le groupe.
Reste que le groupe Louis Wane est l’actionnaire majoritaire du nouveau fournisseur. Les maraîchers s’en prennent au Pays à qui ils reprochent d’avoir cédé ses terrains agricoles au groupe. Une information que dément le ministre des Ressources primaires. « Ce n’est pas le Pays qui a vendu des terrains à Carrefour. Arrêtons de dire n’importe quoi. Le groupe Carrefour s’est lancé avec société spécifique dans la production de produits agricoles. Il est de bon droit pour eux de le faire. Nous, nous souhaitons que l’agriculture polynésienne devienne une agriculture biologique raisonnée. »
Les magasins du groupe Wane représentent près de 40 % du chiffre d’affaires des commerces alimentaires et 65% du chiffre d’affaires de la grande distribution. Il parait difficile pour les producteurs de salades et de tomates de continuer à exister sans eux.
Rédaction web avec Tamara Sentis
Tearii Alpha, ministre des Ressources primaires
Christophe Vercauteren, directeur de Carrefour Arue en charge de la filière agricole pour le groupe.