Selon Pascale Toscani, dont le domaine est les neurosciences, on aurait plein de fausses idées sur le cerveau. « Le cerveau, n’est pas ce que l’on imagine. On s’en est aperçu depuis que l’on en a passé un dans l’IRM (imagerie à résonnance magnétique) et cela a remis en cause pas mal de choses sur la scolarité, la mémoire. » Pour le maître de conférence : « tous les enfants naissent avec les mêmes compétences et, en fonction de son environnement, il développera certaines compétences, ou pas. D’où la nécessité d’avoir de bonnes connaissances sur le cerveau. » Pour la spécialiste : « il est nécessaire de travailler par niveau de compétences, ce qui me paraît beaucoup plus juste par rapport au développement du cerveau. C’est ce que j’essaie de faire comprendre aux enseignants. »
Christian Philibert, lui, intervient sur la thématique des intelligences multiples, à savoir qu’une réponse pédagogique doit être multiple pour correspondre à tous les profils présents dans une classe. « Les gens pensent que l’on naît intelligent et que l’on peut mesurer cette intelligence. Pas du tout. On ne sait pas ce que c’est l’intelligence, et on ne peut pas la mesurer ». Pour ce formateur d’enseignants, « Chacun de nous est intelligent de façon très différente ».
On disposerait selon lui, dans notre cerveau, d’une capacité d’apprentissage, en gros, illimitée. Pour Christian Philibert, Il faut redonner confiance aux élèves. « Si un élève pense que sur une échelle de zéro à dix, son intelligence est égale à deux, c’est qu’il se réfère à ses résultats scolaire. Pour lui tout ce qu’il fait en dehors de l’école, pirogue, reconnaitre les poissons etc.. ne rentre pas en compte. Alors que c’est une forme très importante d’intelligence. Chaque enfant un potentiel et c’est aux professeurs à l’aider à le découvrir. Ce que l’on espère, c’est que les enseignants regardent les enfants comme ayant tous un potentiel important ».
Alors, les neurosciences nous aideront-t’elles à déceler le génie qui sommeille en nous. Repérer les prochains Bill Gates ou Zuckerberg dès le plus jeune âge? Ou plus inquiétant, dans un futur proche, diriger dès la plus tendre enfance, les enfants vers un métier prédéfini par cette nouvelle approche, sans qu’ils aient leur mot à dire car ils sont potentiellement fait pour exercer celui-ci ? Ou est ce tout simplement une nouvelle dérive du politiquement correct qui viserait à nous faire sentir coupable d’appeler un crétin, un crétin, au lieu de « personne à l’intelligence différente » ? L’avenir nous le dira.
Interview de Pascale Toscani