L’histoire de Thérèse Moke racontée par l’avocat de sa mère, Me des Arcis

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"La vérité ferait-elle peur ? Mais à qui fait-elle peur ?" C’est sur cette interrogation que Jean-Dominique des Arcis referme son ouvrage consacré à l’affaire Thérèse Moke. Un livre rare, publié en édition limitée, mêlant récit personnel, chronique judiciaire et appel à la justice.

Publié le 03/06/2025 à 15:08 - Mise à jour le 03/06/2025 à 15:31

"La vérité ferait-elle peur ? Mais à qui fait-elle peur ?" C’est sur cette interrogation que Jean-Dominique des Arcis referme son ouvrage consacré à l’affaire Thérèse Moke. Un livre rare, publié en édition limitée, mêlant récit personnel, chronique judiciaire et appel à la justice.

« Cette recherche de la vérité s’impose à l’avocat que je suis, non seulement parce qu’Anna et Diane m’ont demandé de la trouver, mais encore et surtout parce qu’en tant qu’avocat, j’incarne ce que l’on appelait autrefois la défense de la veuve et de l’orphelin », écrit-il en avant-propos. En 55 ans de barreau, jamais Me des Arcis n’avait songé à écrire sur l’un de ses dossiers. Mais celui-ci est différent.

Qui était Thérèse Quam Kam, l’enfant de la vallée isolée de Hanaiapa ? Celle qui prend le nom de Moke à ses six ans, et deviendra l’ambassadrice de beauté d’un pays tout entier. Une beauté singulière, rayonnante à l’extérieur comme à l’intérieur, captée très tôt par l’objectif du photographe Philippe Bataillard, dans l’archipel du nord.

Elle poursuit ses études à Tahiti, où elle s’installe à la recherche d’un emploi. « Pendant que ses parents travaillaient dur, Thérèse restait avec sa grand-mère. Elle lui apprendra les tâches ménagères, l’hygiène de vie, la préparation du repas et comment cultiver son jardin. En bref, elle lui apprend la vie. »

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Jean-Dominique des Arcis consacre cette première partie à l’histoire d’une femme avant le drame. Des souvenirs glanés auprès de ses proches, comme sa mère Anna dont il est l’avocat, ou sa sœur Diane, qui se souvient de cette Une de La Dépêche de Tahiti, où Mareva Georges s’affiche en Miss Tahiti. « Un jour, je deviendrai Miss Tahiti comme elle« , lance Thérèse. Elles en rient… jusqu’à ce que cela devienne réalité.

Le livre évoque aussi Dominique Pétras, figure du mannequinat, qui accompagnera Thérèse — que l’on surnomme Heikapua, du nom d’une princesse de Hanaiapa — dans ses premiers pas sur les podiums.

Il y est question aussi de son premier amour, de ses soirées au Casino, d’abord avec sa sœur, puis avec celui qui deviendra son mari.

« Il saura séduire Thérèse, d’autant plus facilement qu’il était célibataire, très riche, aussi riche qu’elle était belle. » Desarcis décrit une vie de faste : réussite sociale, fêtes dans leur maison de Punaauia. Mais aussi les premières tensions : infidélités, volonté de divorcer, confidences à sa mère, à une amie. « Je ne suis plus heureuse avec mon Titi », aurait-elle confié. Puis le basculement.

Du paradis aux portes de l’enfer

Le drame, la nuit du 10 juillet 2009, entre 1h et 3h45. Le livre n’apporte aucune certitude sur ce qu’il s’est passé. Il rappelle les versions, les rumeurs : tentative de suicide, jeu sadomasochiste ayant mal tourné… Rien n’est confirmé, mais tout questionne.
« La famille se pose des questions, et c’est légitime. On leur a dit qu’une pendaison laisse des traces impressionnantes sur le cou, or ce n’est pas le cas. On leur dit bien des choses…« 

Thérèse se réveille, mais elle est condamnée au silence. Tétraplégique, sans possibilité de témoigner. C’est alors que commence la deuxième partie du livre.

« Cette deuxième partie n’a pas pour objet de rechercher et d’établir ce qui se serait passé, mais exclusivement de montrer comment les rouages judiciaires peuvent se gripper au point de se bloquer. Comment la justice, qui est humaine, ne l’oublions pas, peut être rendue aveugle. »

L’auteur revient sur l’entrée en scène de Sabine Boiron, qui lui parlera de Thérèse. Il reproduit une note qu’elle lui aurait rédigée. On y croise aussi le nom de Marc Ramel. Et au fil des pages, le lecteur est entraîné dans l’univers des soirées libertines, des procès pour corruption de mineurs et des liens troubles avec Thierry Barbion.

La bataille pour la tutelle : un autre chapitre, tout aussi douloureux. Qui pour prendre soin de Thérèse ? Cette bataille divise la famille, mobilise la rue — plus de 200 personnes marchent à Papeete en soutien à Thérèse — et interroge l’opinion. Au fil des lignes, le lecteur se pose plus de questions qu’il n’obtient de réponses. Et c’est peut-être là, toute la force du livre.

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