L’église catholique ne veut pas de PMA tout court en Polynésie

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Alors qu'une réforme adoptée par l'assemblée nationale prévoit d'étendre la PMA (la procréation médicalement assistée) aux femmes seules et aux lesbiennes, l’église catholique s’organise pour faire barrage à l’application de la PMA tout court, en Polynésie. Samedi matin, l’église Saint-Paul de Mahina a convié ses ouailles à une réunion d’information. Ils étaient une centaine à avoir répondu à l’invitation.

Publié le 06/10/2019 à 12:23 - Mise à jour le 07/10/2019 à 9:06

Alors qu'une réforme adoptée par l'assemblée nationale prévoit d'étendre la PMA (la procréation médicalement assistée) aux femmes seules et aux lesbiennes, l’église catholique s’organise pour faire barrage à l’application de la PMA tout court, en Polynésie. Samedi matin, l’église Saint-Paul de Mahina a convié ses ouailles à une réunion d’information. Ils étaient une centaine à avoir répondu à l’invitation.

C’est un tableau apocalyptique que l’église catholique dresse de la PMA et de la GPA (gestation pour autrui) qui consiste à inséminer une mère porteuse. Pour les intervenants, ces pratiques cliniques s’apparentent à une fabrication d’EGM : des enfants génétiquement modifiés. Dans l’enceinte de l’église Saint-Paul, les intervenants n’hésitent pas à comparer l’homme à un « fournisseur » et la femme à une « usine ». La PMA pourtant, à l’instar de la fécondation in vitro (FIV) (lire ci-dessous) ou l’insémination artificielle, est déjà applicable en Polynésie. Par contre, elle était réservée jusque-là aux couples hétérosexuels stériles, et sur indication médicale. Le parcours pour y avoir accès n’est pas simple. Peu importe pour les confessions religieuses. Pas question de l’ouvrir aux femmes célibataires, ou aux lesbiennes polynésiennes. Ce qui gêne par dessus-tout, c’est bien l’absence de père.

« L’enfant a besoin de savoir qui est son père et sa mère » glisse un participant. Le droit de savoir pour l’enfant, ou la place de la filiation : ces deux arguments sont sur toutes les lèvres. Les familles catholiques auraient d’ailleurs pris les devant. Un projet d’amendement rédigé par l’église aurait été déposé auprès du gouvernement et de nos parlementaires pour que la loi organique rejette cette réforme.

« Il y a quand une reconnaissance de la filiation et de la généalogie qui est particulière en Polynésie, justifie Marie-France Fremy, présidente de l’association familiale catholique. On se demandait si on pouvait retirer la Polynésie de cette loi ». Une perspective inquiétante pour l’association Cousin Cousine, et ses quelques trente adhérents, qui ne font pas le poids face à l’église catholique. Directement concernée par la réforme qui va peut-être déboucher sur la GPA, l’association lance un cri de désespoir au gouvernement du pays.

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« J’entend la position de l’église, mais ce que j’espère c’est que notre gouvernement sera favorable à cette loi qui va dans le bon sens, c’est-à-dire dans l’intérêt de l’enfant et d’une famille, même si c’est une famille différente avec deux mamans qui s’aiment autant qu’une maman et qu’un papa » argumente Karel Luciano, président de l’association. Alors que le débat sur cette question très polémique ne fait que commencer, les fidèles catholiques demandent à l’Etat d’organiser un référendum afin que les Polynésiens se positionnent pour ou contre la PMA pour tous.

Précisions : Si de simples inséminations directement dans la mère porteuse sont réalisables en Polynésie, la FIV (fécondation in vitro) en revanche n’est faisable qu’en Nouvelle-Calédonie, en France ou en Nouvelle-Zélande. L’opération se fait dans un laboratoire. Dans le cas d’une FIV classique, les spermatozoïdes sont simplement mis en contact avec l’ovule. Dans celui de la FIV ICSI, le spermatozoïde est introduit à l’aide d’une micro pipette, dans l’ovule. 

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