Étudiante polynésienne en métropole, on lui demande… un visa de séjour

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Publié le 23/08/2017 à 16:01 - Mise à jour le 23/08/2017 à 16:01

Hinanui (nom d’emprunt) n’en peut plus. En métropole, l’administration lui demande régulièrement de justifier ses origines. On est allé jusqu’à lui demander… un visa de séjour. « Ils connaissent tous les DOM-TOM (départements et territoires d’Outre-mer, NDLR), mais pas les POM (Pays d’Outre-mer, NDLR). J’essayais de faire avancer mes démarches pour la sécurité sociale. J’ai certains soucis de santé qui nécessitent des traitements et ordonnances. Avant de partir, j’ai fait un stock pour 3-4 mois mais j’arrive à la fin de se stock. Ça faisait déjà 2 à 3 bonnes semaines; voire un mois que j’avais envoyé tous les documents sans avoir de retour, j’ai donc appelé le central. Ils m’ont demandé mon identité et m’ont dit qu’il me fallait un visa de séjour… J’ai tenté de leur expliquer que je suis française et que j’ai un passeport français. Il a fallu un bon moment avant qu’ils le comprennent » , nous raconte la jeune femme.

Dans un message publié sur la toile et adressé au Président de la République, elle s’insurge :  » trouvez-vous normal que des étudiants français en provenance de Polynésie soient considérés comme des étrangers sur un sol français ? Trouvez-vous normal que l’on me demande un visa de séjour pour mes démarches administratives alors que je suis française ? »

Et elle n’est pas la seule à trouver qu’étudier en métropole devient compliqué. Plusieurs étudiants polynésiens de son entourage ont été confrontés aux mêmes soucis. Sur Facebook, une étudiante à Paris réagit aussi : « Combien sommes-nous à avoir étudié en métropole pendant plusieurs années et à ne toujours pas avoir de carte vitale (équivalent de la carte CPS) ? Combien de Polynésiens peuvent crier haut et fort qu’ils ont trouvé un logement facilement sans avoir à trouver un garant qui soit impérativement de France métropolitaine ? 
Moi par exemple, je retourne en métropole à la rentrée prochaine pour mon master mais n’ai pas réussi à trouver de logement… J’ai donc, à court de temps, fini par opter pour une location via Airbnb qui, rappelons-le, coûte beaucoup plus cher ! »

Pour Hinanui, si l’administration réagit ainsi face à des Polynésiens, c’est par méconnaissance du fenua et de son histoire : « Est-ce que tu trouves normal qu’en métropole, on me demande quelle langue on parle à Tahiti ? Si on va dans des écoles où on parle le français ? Ou encore est-ce que tu trouves normal qu’on me demande si on a des voitures ou si on se déplace encore à cheval ? Les Français de métropole ne connaissent rien de la Polynésie française. Ils croient même qu’il y a encore des vahine avec des tape’a titi en noix de coco allongées sur les plages… On m’a même demandé si j’étais venu en bateau », nous raconte l’étudiante. 
Son amie de Paris explique aussi : « Croyez-le ou non mais plusieurs personnes n’en revenaient pas quand ils ont su qu’on avait le net dans nos îles, et encore pire lorsque tu leur dis que nous avons même la fibre optique ! »

Hinanui espère que son témoignage et son message sur la toile feront bouger les choses. « Je me sens abandonnée de ma patrie », regrette celle qui réclame « l’égalité ». 

M.DM

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