Enquête publique sur le projet de Manutea Lodge à Moorea

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À Pihaena, Moorea, un chantier controversé fait l’objet d’une plainte déposée par la fédération Tāhei ‘Autī ia Moorea. L’affaire est désormais entre les mains du tribunal administratif. La semaine dernière, la commune a aussi annoncé l’ouverture d’une enquête publique qui a débuté lundi.

Publié le 10/06/2025 à 10:36 - Mise à jour le 11/06/2025 à 18:26

À Pihaena, Moorea, un chantier controversé fait l’objet d’une plainte déposée par la fédération Tāhei ‘Autī ia Moorea. L’affaire est désormais entre les mains du tribunal administratif. La semaine dernière, la commune a aussi annoncé l’ouverture d’une enquête publique qui a débuté lundi.

C’est un chantier de plus qui n’a pas échappé à la fédération Tahei Auti Ia Moorea. Inquiet des conséquences pour l’environnement, le groupement d’associations a même porté plainte contre ce projet de résidence à Pihaena. Et les tensions ont fini par déboucher sur l’ouverture d’une enquête publique.

« Une plainte a effectivement été déposée auprès du procureur parce qu’il y a eu quatre mois de travaux d’une ampleur énorme sans permis, raconte Philippe Coureau, référent urbanisme au sein de la fédération Tahei Auti Ia Moorea. Personne ne savait exactement quel était le projet, jusqu’où ça allait aller. Il n’y a pas eu les enquêtes publiques nécessaires, l’étude d’impact environnemental. Donc, on n’avait pas non plus moyen de s’exprimer, de donner des avis et de vérifier que l’impact paysager était pris en compte. »

Si l’enquête publique qui a débuté lundi doit justement permettre de s’exprimer, pour certains, elle arrive trop tard. Car pour lancer ce projet, une route a dû être tracée. Et si l’ouvrage a obtenu un permis de construire, les derniers épisodes de pluies ont causé des éboulements, provoquant des chutes de rochers de soutènement qui sont passés à quelques centimètres seulement d’habitations en contrebas. Des incidents qui en décembre dernier ont poussé la mairie à arrêter les travaux et demandé aux riverains de rester vigilants.

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Pour Manu de Schoenburg, riverain, s’indigne : « Les voisins n’ont plus accès à leur maison à cause des travaux qui ont été réalisés en dépit du respect du voisinage, des règles en la matière. Comment on en arrive là ? C’est inacceptable. On ne met pas les gens en danger pour son propre profit. Il y a des règles à suivre. »

Du côté de la défense des porteurs du projet, on explique que la mairie a été manipulée. « Les travaux n’auraient pas été arrêtés s’il n’y avait pas eu cette espèce de vindicte de 2-3 personnes, c’est-à-dire que la mairie à mon avis s’est fait instrumentaliser, estime Me Eftimie-Sptiz. Elle a d’abord arrêté les travaux. Ensuite, il y a eu des problèmes et donc malheureusement quand on voit cette chronologie, c’est regrettable parce que si la mairie n’avait rien fait et bien conformément à ce qui a été demandé par le géotechnicien, les travaux auraient continué et il n’y aurait pas eu ces problèmes-là pendant cette mini saison des pluies.« 

Mais si la route a bien obtenu un permis de construire, cinq parcelles ont également été terrassées. Pour ce chantier là, les riverains font remarquer qu’aucun permis n’a encore été délivré. Ce que confirme la directrice de la Construction et de l’aménagement Timeri Sommers. « Les travaux qui ont été autorisés pour la SCI Manutea Lodge concernent une route. Une route et donc c’est ce permis qui a été délivré dernièrement. »

Selon la DCA, les lancements de chantiers sans permis officiels sont monnaie courante en Polynésie. La lenteur des procédures de délivrance n’y est pas étrangère. Aussi, certains propriétaires préfèrent commencer à construire, quitte parfois à mettre les autorités devant le fait accompli. « On constate effectivement par les signalements qui nous sont remontés et qui font l’objet de procès-verbaux par les mutoi ou bien par les agents assermentés de la DCA, que les personnes réalisent des travaux sans autorisation. Il faut savoir que le code ne permet pas normalement ces procédures de régularisation, mais quand un dossier est présenté au procureur et qu’une régularisation est demandée, oui ce sont des choses qui persistent mais qui ne devraient pas justement parce que ce n’est pas légal. »

Si pour l’avocate du promoteur, le dossier ne présente aucune difficulté, son client a néanmoins pris des précautions. Comme cet ouvrage permettant de limiter les risques d’éboulements en cas de nouvelles intempéries. « Mes clients ont prévu aussi un bassin d’orage qui est une des structures les plus importantes pour répondre à l’évacuation des eaux pluviales. Ils ont fait bien plus que ce qu’ils étaient obligés de faire. Aujourd’hui non seulement tout est sécurisé, mais il peut pleuvoir, tout ce qui est possible, il ne se passera absolument rien. »

Le tribunal administratif ayant prononcé la clôture de l’instruction, l’affaire est désormais en état d’être jugée.

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