C’est sont deux havres de paix pour enfants blessés par la vie. À Pirae, les foyers Te Aho Nui et Te Aho Ura accueillent des mineurs victimes ou témoins de violences, parfois dès la naissance, jusqu’à l’âge de 12 ans.
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Censés être une simple halte avant la famille d’accueil, les foyers ne cessent pourtant de voir leurs rangs grossir. Car ici, la capacité d’accueil est déjà dépassée. Les enfants arrivent…et restent. Parfois plusieurs années, constate la directrice Hina Largeteau. « Sur les 16 enfants que nous accueillons, il y en a au moins 6 qui attendent une famille d’accueil. Par manque d’accueil, nous sommes amenés à les garder, pour les faire patienter, soupire-t-elle. Ce n’est pas facile non plus pour ces enfants de vivre en institution plusieurs années. Nous avons trouvé un moyen qui aujourd’hui, pour nous, fonctionne bien. C’est le parrainage affectif. Nous choisissons une famille ou une personne évaluée par la psychologue et par nous-même, pour pouvoir venir rendre visite à l’enfant une fois par semaine, au moins une heure » .
Mais les familles d’accueil agréées sont rares. D’autres possibilités, moins encadrées, voire précaires, existent : les accueillants familiaux ou les tiers dignes de confiance, qui ne sont pas toujours en mesure de recevoir la détresse des enfants. Entre parents débordés, repères perdus, et hausse de la consommation d’alcool ou de stupéfiants chez les jeunes, le système de protection de l’enfance semble colmaté par des acteurs agissant seuls.
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« On va parler de négligence institutionnelle, de la chaîne de la protection de l’enfance qui montre ses fragilités, mais je pense qu’on perd un peu le rôle d’alerte et de veille qu’on est censé avoir en tant que professionnels qui travaillons dans le social, dans la santé, avec l’humain, estime Tuareni Guyot, psychologue clinicienne. Il faut reprendre un peu ce qui s’est passé avec cette fillette-là, l’école observe les absences, le médecin va constater les blessures, la DSFE, le service social et ses équipes, ou alors les foyers de placement vont noter tout ce qui va être changement de comportement ou comportement inquiétant (…) mais en même temps, si tous ces signaux d’alerte ne sont pas mis en réseau, entre les différentes structures, entre les différentes institutions, c’est l’enfant qui tombe un peu entre les mailles de ces négligences-là, et de ces manquements » .
Des alertes ignorées, des foyers saturés, des familles en crise. La chaîne de la protection de l’enfance montre ses failles.