« On entend des cris, des détonations ». Polynésienne résidente de Nouvelle-Calédonie depuis 16 ans, Manuia Tchong Tai, se dit « triste » et « en colère ». « C’était un beau pays et avec tous ces saccages, on va se retrouver avec un pays où il n’y a plus rien (…) On n’a jamais vu ça. Ici, on s’entendait bien avec tout le monde ».
Des magasins en feu, et des habitants à court de provisions. La Polynésienne s’inquiète de ce qui va suivre : « Il n’y a que de la fumée. On n’a plus de magasin de proximité. Ce matin, ma voisine est venue me voir pour l’aider à aller faire des courses. Le magasin n’était pas ouvert, mais il y avait au moins une centaine de personnes qui faisaient la queue. Et la plupart étaient des mamans venues chercher du lait pour les enfants. J’avais mal au cœur. »
Cyril Pito, autre membre de la communauté polynésienne en Nouvelle-Calédonie, craint lui aussi le manque de nourriture : « On n’a pas fait de provisions parce qu’on ne s’attendait pas à ce que ça prenne une telle ampleur. On va essayer de se débrouiller comme on peut. J’ai le souhait que tout rentre dans l’ordre ».
Tamara Tsing-Tsing réside sur le Caillou depuis 52 ans. « Je ressens beaucoup de tristesse pour la Nouvelle-Calédonie et tous ces habitants, parce que même si je suis originaire de Polynésie et que mon cœur est toujours au Fenua […] j’ai fait ma vie ici en Nouvelle-Calédonie, mes enfants sont calédoniens, mes petits enfants sont calédoniens ».
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Certains comme Cyril, commencent à envisager de quitter le territoire si la situation ne s’apaise pas. « J’aurais du mal à quitter ce territoire. J’y suis né et j’approche de la quarantaine. Pour ma femme ce sera plus simple, elle a grandi en Polynésie. On n’en est pas encore arrivés là, mais l’avenir nous le dira. On a le souhait que tout s’améliore, que tout se calme. On n’a pas encore eu de conflit, peu importe l’ethnie. (…) On va rester positifs. »
Les émeutes qui ont éclaté lundi en Nouvelle-Calédonie se sont intensifiées. Ce mercredi, l’état d’urgence a été décrété. Le Premier ministre a annoncé le déploiement de l’armée pour protéger les ports et aéroports de Nouvelle-Calédonie. À ce jour, les violences ont fait 4 morts dont 1 gendarme et plusieurs centaines de blessés. L’aéroport de la Tontouta est fermé et les vols annulés jusqu’à nouvel ordre.