Des travaux de recherche sur la consommation d’ice en Polynésie

Publié le

Le ministre de la Santé, Jacques Raynal, la directrice adjointe de la Santé, Merehau Mervin et le président de l’Université de Polynésie française, Patrick Capolsini, ont signé ce vendredi une convention de cofinancement pour le lancement de travaux de recherche pour en savoir plus sur la consommation d’ice et ses effets.

Publié le 23/08/2019 à 16:34 - Mise à jour le 26/08/2019 à 9:57

Le ministre de la Santé, Jacques Raynal, la directrice adjointe de la Santé, Merehau Mervin et le président de l’Université de Polynésie française, Patrick Capolsini, ont signé ce vendredi une convention de cofinancement pour le lancement de travaux de recherche pour en savoir plus sur la consommation d’ice et ses effets.

La Direction de la santé et l’Université de Polynésie française, par le biais de la Maison des Sciences de l’Homme du Pacifique, vont cofinancer des travaux de recherche sur les causes et les conséquences de la croissance de la consommation d’ice en Polynésie française, avec l’appui de deux sociologues spécialistes des addictions. Le thème : « La consommation d’ice à Tahiti, politiques publiques, usages et trafics ». L’objectif est de gagner en efficacité dans la prévention de l’ice et dans la prise en charge des personnes touchées par ce fléau.

Au centre de prise en charge des addictions, sur les 1 536 patients suivis, 9% d’entre eux sont accueillis pour de la consommation d’ice. « C’est un phénomène qui tend à s’accroître. C »est aussi une économie parallèle qui se créée, et ça c’est un risque de trouble social important avec de la délinquance dure. Tous ces phénomènes-là sont le reflet de quelque chose qui se passe. Est-ce que c’est un mal-être, est-ce que c’est un besoin de rêves ou de je ne sais quoi ? Ce sont ces phénomènes-là qui doivent être étudiés. Quel est le changement de société qui est intervenu pour que les jeunes et les adultes également, s’engagent dans la voie d’une drogue qui est dure ? » a expliqué le docteur Jacques Raynal.

Lors de la signature ce vendredi de la convention de cofinancement pour le lancement de travaux de recherche pour en savoir plus sur la consommation d’ice. (Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Ces travaux de recherche qui dureront deux ans auront le double intérêt de dégager des données fiables et objectives sur l’ice en Polynésie française, mais aussi de remettre en question les pratiques en matière de conduite des politiques publiques, de manière à permettre aux institutions de gagner en efficacité,  tant en matière de prévention que de prise en charge de la consommation de produits stupéfiants.

Ces travaux de recherches comprendront trois étapes :

  • Un diagnostic sociologique et épidémiologique. Préalable indispensable, cette étape consiste à collecter l’ensemble des données dispersées dans les institutions et auprès de différents acteurs, pour dresser un premier état de la situation. Elle est aussi l’occasion de contextualiser le phénomène en Polynésie française, en le confrontant à d’autres situations insulaires comparables, ainsi qu’aux pratiques d’autres pays.
  • L’étude des conditions sociales, politiques et institutionnelles de l’émergence de l’ice, ainsi que les modalités de sa prise en charge. Il s’agira de mettre à jour les différentes logiques institutionnelles qui impulsent l’action publique, les dynamiques de coopération entre les acteurs mais aussi les conflits qui les opposent et constituent des obstacles à l’efficacité de la mise en œuvre des politiques publiques.
  • Une étude ethnographique de quartiers dits « difficiles » ou « prioritaires » dans lesquels les pratiques sociales liées aux usages de drogue apparaissent comme les plus problématiques socialement : quelles sont les caractéristiques de ces zones de marginalité urbaine faisant figure de scènes de consommation et/ou de trafics ? Il s’agira d’échanger avec les habitants par différents intermédiaires et de rencontrer des familles directement touchées par la consommation de drogues. Il s’agit également de mieux appréhender cet appât du gain qui semble se dégager auprès des revendeurs.

L’ice, au-delà de ses effets dévastateurs sur la population, génère des réseaux d’importation structurés dont les profits entraînent leur lot de dérives relevant de la délinquance et même de la criminalité. Aussi, ce travail de recherche est apparu indispensable, tant pour l’obtention de données fiables, que pour la mise en place d’une politique publique de prévention et de prise en charge forte.

Dernières news