Confinement : les acteurs du tourisme espèrent une « courte apnée »

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50% d’annulation sur Bora Bora, 40% sur Tahiti : si le tourisme a repris sur les chapeaux de roues dès la levée des motifs impérieux en juin, le confinement qui entre dans sa troisième semaine a mis un vrai coup de frein au secteur. Une "apnée" que les professionnels espèrent courte, tout en misant sur la résistance de "l’intention de voyage" et sur la confiance des visiteurs dans la destination.

Publié le 07/09/2021 à 13:26 - Mise à jour le 07/09/2021 à 14:09

50% d’annulation sur Bora Bora, 40% sur Tahiti : si le tourisme a repris sur les chapeaux de roues dès la levée des motifs impérieux en juin, le confinement qui entre dans sa troisième semaine a mis un vrai coup de frein au secteur. Une "apnée" que les professionnels espèrent courte, tout en misant sur la résistance de "l’intention de voyage" et sur la confiance des visiteurs dans la destination.

Agréablement surpris par une reprise explosive dès la levée des motifs impérieux en juin, les acteurs du tourisme assistent désormais à une vague d’annulations. « Dès qu’il y a eu une petite levée des mesures, tout ce qui était réservé a été confirmé, et tout ce qui était reporté s’est concrétisé. On a vu les bookings repartir très vite, il a fallu trouver du personnel rapidement, confie le co-président du conseil des professionnels de l’hôtellerie Thierry Brovelli. On ne s’attendait pas à un tel alignement planétaire. 

« Les gens n’ont qu’une envie dès que ça ouvre, c’est de partir »

Thierry Brovelli, co-président du conseil des professionnels de l’hôtellerie

Car si le confinement a sifflé la fin de la haute saison prématurément, le besoin d’évasion frustré par plus de quatre mois de motifs impérieux a eu un effet « retour d’élastique » plutôt rassurant pour les acteurs du secteur. La prolongation du confinement jusqu’au 19 septembre a certes contrarié les envies de voyage, mais la confiance témoignée par les touristes américains et métropolitains permet d’espérer une reprise rapide. En témoignent les chiffres de l’ISPF : 14 300 touristes en juillet 2021, soit 10 000 de plus qu’il y a un an mais seulement 56% des effectifs de 2019. « Les gens n’attendent que ça, quand il y a une crise, la première chose sur laquelle on fait des économies : les voyages et les vacances. Si ça dure, les gens n’ont qu’une envie dès que ça ouvre, c’est de partir » commente Thierry Brovelli. 

Même discours pour les transporteurs aériens. « On est très loin du confinement de la première fois » nuance le directeur d’exploitation de Matthieu Bechonnet d’Air Tahiti Nui. La compagnie au tiare a d’ailleurs rapatrié son appareil du désert de l’Arizona pour honorer la forte demande de la haute saison. Mais c’était juste avant que la situation sanitaire dégénère de nouveau avec l’introduction du variant delta. « D’un point de vue opérationnel, c’était un très bon calcul, justifie le responsable. Il fallait de toute façon le faire revenir. Cet avion a permis d’assurer les rotations supplémentaires vers Paris et Los Angeles et donc de remplir les hôtels. Maintenant, on espère que l’apnée sera courte ». Par ailleurs, les touristes les plus aisés viennent encore. « Dans l’immédiat, il faut assister les touristes encore sur place afin de rassurer les tours opérateurs. On communique en temps réel avec nos partenaires sur tous les marchés, pour que les touristes qu’ils nous envoient sachent à quoi s’attendre, indique le directeur de Tahiti Tourisme, Jean-Marc Mocellin. On a des groupes qui continuent à venir, on a reçu une centaine de voyageurs à Bora Bora ». 

Discours modéré du côté d’Air France. Sur le mois de septembre, la compagnie tricolore note une baisse « modérée » des taux de remplissage, avec des annulations plutôt marquées sur les arrivées. La compagnie assure par ailleurs l’acheminement des vaccins depuis le début de la pandémie. « Nous avons, chaque semaine, des dotations envoyées par la France et qui transitent par nos vols pour un total 40 transports » rappelle le directeur régional d’Air France, Lionel Rault. 

« Notre secteur doit montrer l’exemple en contribuant à faire monter la vaccination »

Jean-Marc Mocellin, directeur de Tahiti Tourisme

Mais en cette troisième semaine de confinement, les annulations se confirment. « De manière globale sur le mois de septembre, on atteint 25% de perte » précise le directeur. Et le confinement est loin d’être fini. Du côté des professionnels de l’hôtellerie on évoque des « annulations qui font mal », de l’ordre de 50% à Bora Bora et de 40% sur Tahiti. « On tente d’inciter au report plus qu’aux annulations, il s’agit aussi de montrer que la destination est flexible report et annulations sans frais, commente le directeur de Tahiti Tourisme. La majorité des prestataires jouent le jeu, ils ont accepté de prolonger cette politique de six mois, mais c’est un manque à gagner pour eux.

Confiant, le directeur note en contrepartie la hausse de réservations en basse saison et qu’elles sont plus en avance que d’habitude. « On l’a vu en juillet, les marchés forts sont revenus, c’est la preuve que le retour des touristes est acquis dès que la situation sanitaire se tasse ». Priorité donc ? La gestion de la crise. « Notre secteur doit montrer l’exemple en contribuant à faire monter la vaccination » poursuit Jean-Marc Mocellin. Dans ce contexte, le pass sanitaire s’impose comme un outil marketing essentiel pour se démarquer de la concurrence comme Fidji, les Seychelles ou les Maldives. « Si nous exigeons des voyageurs qu’ils soient vaccinés, il faut qu’on le soit déjà. Il est absolument essentiel que Tahiti et ses îles apparaissent comme une destination qui maîtrise et qui gère la situation sanitaire ».

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