Alexandrine Tehahetua ou mère courage

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Publié le 22/09/2017 à 6:00 - Mise à jour le 03/02/2020 à 13:45

Il y a quelques années, armée d’un baccalauréat littéraire, Alexandrine attaque une année à l’université. Année qu’elle doit malheureusement abandonner pour trouver un travail, car les finances ne suivaient pas. Après divers jobs dans le milieu hôtelier, elle se tourne alors vers la boulangerie. Métier qui n’est pas terre inconnue pour elle, vu que durant sa scolarité elle avait déjà œuvré dans ce milieu.

Il y a deux ans, à l’occasion de la naissance de sa fille, elle a voulu reprendre ses études. Déterminée à prendre son avenir en main, elle s’inscrit donc à l’Upf aux cours du soir pour obtenir une capacité de droit. Avec l’idée d’acquérir les connaissances suffisantes pour passer les concours de la fonction publique, puis plus tard, faire une licence administrative publique.

S’ensuit alors une année à l’emploi du temps bien chargé et bien rodé. Le travail fini, elle troque sa tenue de boulangère pour celle d’étudiante, puis se rend à l’université pour suivre les cours du soir. Mais cela nécessite un minimum d’organisation, car entre études et pétrin, elle n’a pas le temps de flâner.

Ses journées sont sans fin et feraient pleurer n’importe quel syndicaliste endurci. Entre son travail à la boulangerie et ses études, c’est plus de quinze heures de travail au quotidien. Car assister aux cours du soir, ne suffit pas, une fois regagné le domicile, il faut se remettre au travail pour faire des fiches, et revoir le cours.

Bâtir une vie, qui a comme fondation, la connaissance, représente pour elle une sorte d’assurance vie. Elle parie sur l’avenir, que celui-ci soit souriant ou pas. Elle estime qu’avec la connaissance, quoiqu’il arrive dans le futur, elle sera prête à faire face à toutes les éventualités.

D’un moral et d’une volonté à toute épreuve, elle confesse néanmoins quelques petits moments d’abattement. Mais lors de ces rares instants de blues, elle confie avoir le soutien de son compagnon.

Mais sa plus grande motivation, c’est de sa fille qu’elle la puise. Bien que lorsqu’elle rentre le soir de ses cours, sa fille dort déjà, et que durant huit mois, elle ne la verra que très peu. Un sacrifice, mais comme elle le dit, « Qu’est-ce que c’est que huit mois, dans toute une vie ? » D’autant que c’est aussi pour elle qu’elle ne se démène pour mener de front, vie familiale, emploi et études.

Elle rattrape ce manque dès qu’elle a un moment avec elle, partageant son savoir, son expérience, que ce soit d’ordre spirituel, professionnel ou intellectuel. Est-ce parce qu’elle est issue d’un milieu modeste qu’elle se dépasse au quotidien ? Sûrement. Mais aussi pour une certaine attirance envers le libre arbitre. « Tout est une question de volonté et de mentalité. Il faut se donner la possibilité de vouloir réussir ».

Alexandrine rejoindra la semaine prochaine, les bancs de l’université pour entamer sa deuxième année en capacité de droit, toujours en cours du soir. Par les valeurs qu’elle transmet, son courage, sa détermination, Alexandrine mérite amplement de figurer parmi les Fenua Heroes.

 

Pascal Bastianaggi

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