Visite présidentielle : Edouard Fritch a demandé à Macron « d’attendre l’issue des élections municipales »

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De retour d'un déplacement en métropole, le président du Pays Edouard Fritch était notre invité en plateau dimanche 7 juillet. Nous l'avons interrogé sur la réforme du statut de la Polynésie, la visite du président Macron en Polynésie, la grève à l'OPT et les Jeux du Pacifique.

Publié le 08/07/2019 à 10:48 - Mise à jour le 08/07/2019 à 11:25

De retour d'un déplacement en métropole, le président du Pays Edouard Fritch était notre invité en plateau dimanche 7 juillet. Nous l'avons interrogé sur la réforme du statut de la Polynésie, la visite du président Macron en Polynésie, la grève à l'OPT et les Jeux du Pacifique.

Une réaction par rapport à la grève à l’OPT qui semble inévitable ?

« Une trentaine de contre-propositions ont été faites par la direction de la holding, par Jean-François Martin et ses équipes. Ambition 2020 a été une nécessité pour l’OPT d’une façon générale puisqu’elle avait pour objectif de clarifier les missions de l’Office des postes et télécommunications et les missions de Vini, devenus depuis Farerata et Onati. Mais ce projet d’Ambition 2020 avait aussi pour objectif non pas de réduire les salaires ou de ne plus compter les anciennetés des salariés, ce n’était pas en tous les cas les consignes données. Il était important de maintenir les revenus, les salaires du personnel et effectivement la difficulté venait du fait que certains de ces personnels passaient d’une structure à l’autre. Donc le Pays, en voyant plus clair sur les activités de Farerata, de la Poste et des CCP, a fait voter par l’assemblée de la Polynésie 700 millions pour venir au secours de l’OPT en cas de déficit qui est estimé aujourd’hui à 700 millions. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes engagés. Je tiendrai toujours mes engagements à ce niveau-là parce que les missions de l’OPT sont importantes. Les missions de l’OPT ne concernent pas uniquement les îles du Vent ou les îles Sous-le-Vent, mais tous les archipels. Nous avons des bureaux de poste disséminés dans tous les archipels. Ces bureaux de poste ne rapportent pas grand-chose mais ont une mission importante auprès de nos populations. »

Vous comptez rencontrer l’intersyndicale ?

« Je pense qu’ils sont en train de discuter avec la direction et ce sera largement suffisant pour le moment. »

Vous revenez d’un déplacement à Paris qui s’est révélé fructueux. Le chef de l’ État a confirmé sa venue au fenua au mois d’avril 2020. Pourtant à deux reprises sa venue a été confirmée et ne s’est pas faite. C’est différent cette fois-ci ?

« Oui, on a eu une rencontre très chaleureuse, très amicale, très fraternelle, un an pratiquement après la première rencontre et nous avons discuté de sa venue en Polynésie française qui était prévue effectivement pour la fin de cette année. Mais j’ai personnellement demandé au président de la République, et en accord avec lui d’ailleurs, d’attendre l’issue des élections municipales. C’est toujours très difficile de faire venir des personnalités pendant une campagne électorale, donc il ne viendra qu’au mois d’avril l’année prochaine et consacrera donc un moment pour les Polynésiens. Il viendra à notre rencontre visiter le pays, et puis une seconde partie qui sera réservée plus à la région Pacifique où il pense regrouper ici le One Planet Summit Oceania, où on fera venir, comme pour France-Océanie, les chefs d’exécutif de la région. »

À côté de cette annonce, la loi sur la réforme du statut de la Polynésie a été promulguée par Emmanuel Macron, elle est d’ailleurs déjà inscrite au Journal officiel. En termes de reconnaissance du fait nucléaire, qu’est-ce que ça apporte en plus à la Polynésie ?

« D’abord je tiens à préciser que l’article 1er a été maintenu dans la loi qui a été promulguée hier (samedi, NDLR). Donc l’ État reconnaît effectivement le fait nucléaire pour la Polynésie. Et comme le disait le président Macron lui-même, c’est très important parce que cela oblige l’ État à faire face à ses engagements sur la Polynésie française en matière d’indemnisation des vétérans, d’indemnisation des populations touchées par les essais nucléaires. Mais il y a deux autres sujets aussi importants pour nous, il s’agit du rattrapage sur le plan économique parce que l’ État aujourd’hui intervient sur le plan économique et il doit continuer à intervenir, et puis bien sûr sur les problèmes environnementaux. Pour ce qui me concerne en tous les cas, l’inscription de ce paragraphe dans la loi est très important. Va rester le problème de la DGA qui n’a pas pu être inscrit dans le statut, mais l’engagement du président de la République est clair, ce sera dans la loi de finances à venir pour l’année 2020. »

Toujours concernant le nucléaire, les associations de victimes ainsi que l’Eglise protestante maohi ont marché dans les rues de Papeete pour commémorer la date du 2 juillet 1966, mais aussi pour demander le retrait total de la loi Morin qu’elles estiment inefficace. Qu’en pensez-vous ?

« Ce serait une énorme erreur à mon avis. On ne peut pas prévoir d’indemnisation s’il n’y a pas un cadre, s’il n’y a pas une référence. Et la loi Morin, on l’appelle encore la loi Morin aujourd’hui mais cette loi a beaucoup évolué depuis et on ne peut pas se plaindre puisque d’un petit nombre, nous sommes passés à un nombre important, peut-être pas suffisant, mais un nombre important d’indemnisés. J’en ai parlé au président de la République parce que cet article 1er de la réforme était très important, le président de la République est complètement d’accord avec notre vision des choses. S’il faut réformer, s’il faut renouveler, s’il faut réaménager cette loi, pourquoi pas. Mais il ne faut surtout pas la supprimer, parce que nous serions dépourvus d’outils pour être demain indemnisés. »

Ils étaient déçus de ne pas avoir pu vous rencontrer ce jour-là… Vous pensez les rencontrer ?

« Ils connaissent ma position là-dessus. Je me bats avec les parlementaires, Lana Tetuanui a été d’une efficacité dans ce combat. Ce qu’il faut à mon avis, c’est peut-être éviter aussi de se critiquer, de se diviser sur un sujet aussi important. Moi j’attends de nos associations, et c’est ce que j’ai essayé de faire, que l’on soit unis, parce qu’on sera plus forts face à l’ État, on sera en tous les cas mieux rassemblés pour discuter d’un tel sujet face à l’État. »

Les XVIe Jeux du Pacifique ont officiellement démarré ce dimanche avec une première médaille d’or pour la Polynésie. C’est de bon augure ?

« Bien sûr et je voudrais surtout féliciter M. Devos qui a ramassé cette première médaille et puis surtout, ça va être un bon exemple pour stimuler nos jeunes qui sont là-bas. Parce qu’ils sont partis effectivement avec la volonté de ramasser un paquet de médailles. Là l’exemple est idéal, il n’y a plus qu’à se coller derrière et à faire aussi bien que ce jeune. Mais je suis très optimiste et je pense qu’avec la présence du ministre de la Jeunesse et des Sports sur place, nos jeunes vont se battre jusqu’au bout. »

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