Moetai Brotherson fait entrer le Tavini à l’Assemblée nationale

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Publié le 16/06/2017 à 19:52 - Mise à jour le 16/06/2017 à 19:52

Cet auteur de roman qui aime faire des photos la nuit ou du kayak dans la journée vient de briser le rêve de Grand Chelem du Tapura d’Edouard Fritch. Elu à l’Assemblée nationale, Moetai Brotherson, homme politique atypique, va faire entrer le Tavini pour la première fois de son histoire au Palais Bourbon.

C’est en classe de cinquième qu’il découvre soudain sa fibre indépendantiste. « La faute, dit-il lui-même, à l’attitude coloniale de certains  professeurs du collège de Huahine ».  L’enfant précoce se plonge alors dans de multiples ouvrages politiques et économiques où il ne trouve rien « qui pourraient empêcher son pays de devenir indépendant ».

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Mais la politique attendra. Moetai Brotherson, élève complet et brillant, se tourne vers une école d’ingénieur informatique en métropole qu’il complète d’un master au Florida institute of technology. S’ensuit une carrière internationale : France, Australie, Allemagne, Japon et Etats-Unis…

Le 11 septembre 2001, habitant à Manhattan, il vit les attentats en direct alors même qu’il avait un rendez-vous dans l’une des deux tours jumelles. Eprouvé par ce drame, il décide de revenir au fenua en octobre de cette année-là. Mais il n’est pas encore question de faire de la politique. Il poursuit sa carrière en tant que consultant en informatique.
 
C’est finalement le Taui qui va décider de sa nouvelle vie. Le gouvernement Temaru a besoin d’un conseiller en économie numérique. Malgré un salaire trois fois inférieur à ce qu’il gagne dans le privé, il décide de franchir le pas.
 
Le début d’un parcours aux côtés d’Oscar Temaru qu’il ne quittera plus. De services territoriaux en cabinets ministériels, élu en 2008 maire adjoint à Faa’a, Brotherson parfait sa connaissance politique et devient rapidement la « tête pensante » du Tavini, adepte d’une longue préparation avant d’enclencher un quelconque processus d’auto-détermination.  
 
Avec Temaru et Tuheiava, ils sont les principaux lobbyistes qui vont mener le combat de la réinscription de la Polynésie sur la liste des territoires à décoloniser. Une vraie victoire idéologique qui donne un second souffle au Tavini. Comme aurait pu le faire la candidature de Temaru à la présidentielle. Mais les nombreuses promesses de parrainages font pschitt. « Les élus métropolitains se sont dégonflés » regrette Brotherson qui a fait 3 000 km en Fiat 500.
 
Malgré cela, les indépendantistes ont du mal à exister au milieu des partis autonomistes, même divisés, et c’est une vraie surprise de voir Brotherson venir troubler le duel entre les frères ennemis Tapura et Tahoera’a, quand il arrive devant Vincent Dubois au premier tour de la circonscription.

Et, visiblement, le respect entre Dubois et Brotherson et la liberté laissé à ses électeurs par le Tahoera’a de voter pour qui ils veulent a fait la différence lors du second tour.
 

Bertrand Parent

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