Heinui Le Caill : « la citoyenneté polynésienne doit être construite en concertation avec tout le monde »

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Candidat dans la section 1 pour le Tavini Huiraatira, dans le cadre des élections territoriales, Heinui Le Caill était l’invité du journal de TNTV, jeudi soir. L’occasion de faire un tour d’horizon des propositions du parti indépendantiste sur divers thèmes comme la condition animale, les violences, ou encore la création d’une citoyenneté polynésienne et la mise en place de consultations publiques sur les sujets de société.

Publié le 07/04/2023 à 9:37 - Mise à jour le 28/12/2023 à 9:33

Candidat dans la section 1 pour le Tavini Huiraatira, dans le cadre des élections territoriales, Heinui Le Caill était l’invité du journal de TNTV, jeudi soir. L’occasion de faire un tour d’horizon des propositions du parti indépendantiste sur divers thèmes comme la condition animale, les violences, ou encore la création d’une citoyenneté polynésienne et la mise en place de consultations publiques sur les sujets de société.

TNTV : On vient de le voir dans un reportage précédent, la gendarmerie vient de mettre en place une cellule d’enquêteurs spécialisés contre la maltraitance animale, un véritable fléau ici, au fenua. Quand on se penche sur votre programme, vous ne semblez pas porter d’intérêt à cette cause. Il n’y pas de mesure sur ce sujet. Pourquoi ?

Heinui Le Caill : « Notre programme est d’abord basé sur trois piliers : le faatura, le respect, ensuite le faaora -faire revivre, Ndlr- et faatupu, bâtir. Dans la partie respect, c’est respecté son pays. Et dans notre pays, il y a des animaux. Nous devons les respecter car ils font de nous de meilleurs humains. Il nous revient de les protéger et de leur donner une vraie place dans la société ».

TNTV : Mais il n’y a pas de mesure sur ce sujet dans votre programme, que prévoyez-vous ?

Heinui Le Caill : « Il faut que l’on reconsidère la relation de l’humain avec l’animal. Bien sûr, il faut qu’on poursuive et qu’on développe les campagnes de stérilisation, en aidant aussi les associations, les personnes en charge de cela. Il faut également aider les communes pour l’application de la loi contre la divagation et la maltraitance des animaux. C’est certainement là qu’il y a aussi un gros point faible à corriger. Nous allons nous lancer dedans. Ensuite, il faut une vraie éducation à la cause animale dans les programmes scolaires qui n’existe pas, localement. Il faut vraiment que l’on développe ça. Il faut d’abord éduquer et communiquer avec la population. Ce qui n’est pas suffisant aujourd’hui ».  

TNTV : Autre point qui n’est pas explicité dans les mesures du Tavini, celui de la violence des jeunes. On l’a vu dernièrement à Bora Bora. Que prévoyez-vous au sein du parti ?

Heinui Le Caill : « Il faut d’abord faire un constat. La violence nous montre qu’il y a une perte de valeur, de critères, une déstructuration de la société et, certainement aussi, un besoin de retrouver une certaine identité ; notre identité et notre esprit communautaire qui, avec l’occidentalisation, se diluent de plus en plus. On veut surtout baser notre vision sur l’éducation. Elle commence à la maison. Et le besoin de communication dans les familles. C’est ce qui manque actuellement. Il y a également l’éducation qui se poursuit à l’école et qui se poursuit dans les associations. Il faut combattre l’oisiveté. On compte sur les associations pour aller dans ce sens. On est prêts à participer au financement de ces associations, culturelles et sportives. Maintenant, c’est aussi l’affaire de tous. Il semble aussi nécessaire de pouvoir guider et conseiller nos jeunes vers un contrat de vie. Quelle est la place des jeunes aujourd’hui dans notre société ? Ils se cherchent. Ils n’ont pas encore trouvé cette place. A nous de les guider et d’aller vers le respect. Il est important de redonner du respect à la population, de recréer du respect dans les familles, et du respect avec la population et les autorités quand elles sont respectables ».

TNTV : L’indépendance est dans votre ADN. Vous proposez la mise en place de la citoyenneté polynésienne. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?

Heinui Le Caill : « On se positionne un peu comme en Nouvelle -Calédonie, la citoyenneté calédonienne, qui a été inscrite dans la Constitution française. On va suivre un peu le même processus pour demander que ce titre soit inscrit dans la Constitution pour reconnaitre, d’abord, que nous sommes un peuple, comme le peuple calédonien, que nous avons une langue propre, et une identité culturelle propre qui fait de nous des Polynésiens. Ensuite, cette citoyenneté nous permettra de protéger l’accès à l’emploi de nos jeunes ».

TNTV : Qui pourra prétendre à cette citoyenneté ?

Heinui Le Caill : « Pour l’instant, on ne l’a pas encore défini. Ça doit se définir avec toute la communauté polynésienne. Elle doit être construite en concertation avec tout le monde, tous les acteurs ».

TNTV : Comme le A Here ia Porinetia vous proposez la mise en place de consultations publiques pour les sujets de société. Vous parlez d’un référendum local simplifié. Qu’en est-il ?

Heinui Le Caill : « Prenons l’exemple de Temae. On a une population qui n’est pas écoutée, qui n’est pas considérée. On estime aujourd’hui que la population a le droit de participer aux grandes décisions qui concernent les enjeux du Pays. Pour l’instant, rien n’est défini. Mais il est important de prendre en compte les préoccupations de la population, qui n’a pas été écourtée à Temae. Et qui ne sera pas écoutée pour d’autres projets d’envergure qui vont toucher son quotidien ».

TNTV : Qu’entendez-vous par sujets de société ? Et faut-il s’en remettre à la population qui n’est parfois pas avertie dans certains domaines, comme le financier par exemple…

Heinui Le Caill : « Bien sûr, on ne demandera pas l’avis de la population sur tous les sujets. Ce sont vraiment les sujets qui vont toucher sa vie au quotidien, comme Temae, l’environnement, alors qu’il y avait déjà un PGM mis en place, que le gouvernement n’a pas pris compte le travail de la population. C’est à ce niveau qu’on doit respecter la population ».

TNTV : Ces consultations publiques ont un coût. Avez-vous prévu les financements ?

Heinui Le Caill : « je pense qu’on trouvera des financements. Je ne vois pas où est le souci ».

TNTV : Mais les avez-vous trouvés ?

Heinui Le Caill : « A l’heure actuelle, non. Pas encore ».

TNTV : A l’inverse de la plupart des programmes des autres partis, vous évoquez l’importance d’avoir une vraie politique de soutien aux situations de handicap. Comment comptez-vous vous y prendre ?

 Heinui Le Caill : « il y a 17 000 personnes en situation de handicap ; handicap physique et handicap mental. Il fait vraiment les insérer dans la société aujourd’hui, et ce n’est pas tout à fait le cas. Il y a bien une loi qui oblige les sociétés à embaucher des handicapés mais il faut aller plus loin que çà, vers la formation, vers l’insertion sociale. Il faut également revoir les infrastructures et aménagements publics qui ne sont pas du tout mis aux normes pour les handicapés. Ils ont leur place dans la société et c’est à nous de faire en sorte que ce soit le cas ».    

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