Meurtre de Tikehau : poursuivis pour non-assistance à personne en danger, ils sont relaxés

Publié le

Deux hommes étaient convoqués, ce mardi, au palais de justice pour y répondre du chef de non-assistance à personne en danger. Il leur était reproché de ne pas avoir alerté les secours, en octobre 2018, sur l’atoll de Tikehau, alors qu’ils avaient assisté à des violences entrainant le décès d’une femme. Ils ont finalement été relaxés.

Publié le 06/02/2024 à 15:52 - Mise à jour le 06/02/2024 à 17:22

Deux hommes étaient convoqués, ce mardi, au palais de justice pour y répondre du chef de non-assistance à personne en danger. Il leur était reproché de ne pas avoir alerté les secours, en octobre 2018, sur l’atoll de Tikehau, alors qu’ils avaient assisté à des violences entrainant le décès d’une femme. Ils ont finalement été relaxés.

Dans la nuit du 18 au 19 octobre 2018, la victime avait été rouée de coups par son conjoint à un point difficilement descriptible. Un crime pour lequel le mari, 53 ans au moment du procès, avait été condamné, en 2021, à la réclusion criminelle à perpétué par les jurés de la cour d’assises de Papeete.

Cette triste nuit à Tikehau, le couple avait été convié à prendre quelques verres sur un catamaran dont les occupants avaient passé une partie de la journée avec lui. La sœur de la victime et son conjoint étaient aussi invités.

Au cours de la soirée, la victime, éméchée, avait trébuché et était tombée du catamaran. Le skipper s’était jeté à l’eau pour lui venir en aide. Une scène honteuse pour le conjoint de celle-ci. Il lui avait immédiatement décoché en coup de pied, l’avait giflée à plusieurs reprises, tout en la tirant par les cheveux. Le skipper et un autre homme qui se trouvaient à bord s’étaient interposés pour calmer les choses.

Les 4 invités étaient remontés peu après sur leur petit bateau à moteur pour regagner leurs domiciles sur l’atoll. Mais les coups avaient repris sitôt sur l’embarcation, pour se poursuivre à terre. Des violences inouïes : coups de pied, de poing, à l’aide d’une buche de bois ou avec une planche de contreplaqué. Le lendemain au petit jour, la mère de famille avait été retrouvée sans vie.

La justice avait décidé de poursuivre le skipper du catamaran, ainsi qu’un des neveux de la victime, pour ne pas avoir alerté les secours. « Le parquet a considéré que ces personnes n’ont pas tout fait pour préserver la victime », a ainsi indiqué à l’audience la procureure, en reconnaissant que « dire : ‘on aurait pu faire ci, ou ça’, c’est assez compliqué ».

« Cette affaire reste toujours pour moi incroyable »

Le skipper

La magistrate n’a pas chargé le neveu de la victime, considérant qu’il n’y avait pas de réseau 4G à l’époque sur l’atoll pour appeler d’éventuels secours et que l’homme était « tétanisé par les violences » de son oncle : « Il ne pouvait rien faire sans craindre pour lui et sa famille ».

Concernant le skipper, en revanche, elle a estimé qu’il avait assisté aux premiers coups et qu’il avait « vu » la suite des violences sur le petit bateau à moteur. « Le minimum qu’il aurait dû faire, c’est utiliser sa radio et prévenir les secours », a-t-elle ajouté en réclamant une peine d’une année de prison avec sursis.

Lors de son audition, le skipper avait expliqué que la situation était redevenue « calme » à bord du catamaran avant que le couple ne regagne terre : « Je n’avais pas conscience qu’il y aurait d’autres violences. J’avais l’impression, quand ils sont partis, que l’incident était terminé. Cette affaire reste toujours pour moi incroyable. »

« Mon client n’a pas assisté à toutes les violences. Quand il assiste à une gifle, il n’hésite pas à s’interposer (…) Il y avait un apaisement. Il était complément rassuré. Quand on vous dit qu’il voyait la victime se faire rosser sur la petite embarcation, c’est faux. Les faits se sont déroulés la nuit », a plaidé son avocat Me Smaïn Bennouar, en demandant la relaxe. Une position suivie par le tribunal qui a finalement dédouané les deux prévenus.

Dernières news

Activer le son Couper le son