« J’ai pris une décision vu le mal qu’il m’a fait. Je sais qu’il ne va pas changer et j’ai envie de me reconstruire ». Les vœux de la jeune femme de quitter définitivement son conjoint, le tribunal peine à y croire, mais il l’espère. Car ce n’est pas la première fois que ce couple à la « relation toxique » se présente au tribunal.
Lui est menotté, encadré de gendarmes. En 2022, déjà, il avait fait face aux magistrats pour des violences sur la même victime. Il avait écopé de 8 mois de prison ferme avec interdiction de l’approcher à sa sortie. Il n’en a rien été, le trentenaire aménageant chez elle une fois les portes du centre pénitentiaire franchies.
Comme il fallait le craindre, le naturel est revenu au galop. Des « gifles, morsures, étranglements, et coups de poing », pour reprendre les termes du procureur. Et ce, « quasiment tous les 3 jours ». A cela s’ajoutaient les menaces et insultes.
Des violences à répétition qui ont aussi eu un lourd impact sur la vie professionnelle de la jeune femme. Du fait des séquelles liées à celles-ci, elle a souvent manqué des jours de travail et a perdu son emploi en raison de ses absences. Une double peine.
« Je l’aimais trop », a déclaré le prévenu pour tenter d’expliquer son « emprise » sur la victime. Un homme déjà condamné à plusieurs reprises pour des violences sur ses ex-compagnes, et qui a grandi dans un foyer où les coups pleuvaient. « Mon client a eu une enfance difficile avec des parents violents. Il a reproduit le schéma qu’il a eu sous les yeux », a soufflé son avocate.
« J’ai compris que je pouvais vivre une meilleure vie »
L’expert psychiatre, qui s’est penché sur le sujet, a conclu à une « explosivité comportementale », une « incapacité de contrôler ses passages à l’acte ». Une personnalité « très immature » et « en dépendance affectivement ».
« Je vais respecter les mesures d’éloignement. Je n’ai plus envie de revenir ici. J’ai 2 enfants et ça me fait mal. Je vais tout faire pour ne plus revenir devant vous », a promis l’homme qui dit voir régulièrement un psychiatre en détention.
En fin d’audience, la victime a révélé que son compagnon l’avait contactée depuis la prison, peu avant le procès : « Il m’a demandé d’essayer de le sauver. De dire que tout ce que j’ai dit, ce n’est pas vrai. J’ai failli le faire, mais j’ai bien réfléchi. J’ai compris que je pouvais vivre une meilleure vie ».
L’homme a finalement écopé de 18 mois de prison ferme. Les peines de 4 et 8 mois avec sursis de ses précédentes condamnations ont en outre été révoquées. Il passera donc les 30 prochains mois derrière les barreaux et aura interdiction d’approcher sa victime à sa sortie. Il devra, enfin, lui verser 200 000 francs de dommages et intérêts.