« Une cause certaine, c’est une cause où il n’existe aucun doute. Or, ici, on en est loin », tel a été le message martelé par les avocats de la défense pour ce dernier jour du procès.
Sans surprises, tous ont demandé la relaxe de leurs clients considérant qu’ils n’avaient commis aucune faute de nature à mettre en péril la vie du pilote et des 19 passagers. À l’opposé de ce que soutiennent le ministère public et la partie civile, eux estiment que le câble de gouverne n’a pu se rompre en vol, et que leurs clients n’ont ainsi pas de responsabilité dans le drame. « Il y a plusieurs éléments techniques, je l’ai plaidé hier, qui montrent que physiquement, matériellement, scientifiquement, ce câble n’a pas pu se casser en vol. (…) Même s’il y a eu des manquements qui ont causé l’usure du câble, ces manquements n’ont pas causé l’accident » explique Vonnick Le Guillou, avocate d’Air Moorea et de Freddy Chanseau.
Si la défense exclut la thèse du câble, c’est donc vers le pilote qu’elle se tourne. Elle évoque la possibilité d’un malaise ou d’une erreur de pilotage. Inacceptable pour Mickaël, le fils de Michel Santurenne, l’homme qui se trouvait aux commandes du Twin Otter : « Ils incriminent toujours le pilote, parce que c’est facile. Il n’est pas là pour se défendre aujourd’hui. Malheureusement, ils ne sont pas crédibles. Mon père était quelqu’un de très rigoureux, précis, professionnel. Ce dont ils manquent énormément aujourd’hui. Ils ne sont pas à même de nous dire ce qu’il s’est passé, mais par contre pour faire revoler leurs avions, ils ont été assez rapides (…) Je suis convaincu de la rupture du câble à cabrer. Il n’y a pas d’autre cause possible au crash de cet avion ».
La partie adverse pense, elle, qu’on ne saura jamais avec certitude les raisons qui ont conduit au drame du 9 août 2007. « Je sais que c’est très difficile pour les familles de ne pas connaître une cause, de ne pas savoir le détail, mais je pense que malheureusement, cela fait partie de ces accidents où à défaut d’avoir des boîtes noires complètes, c’est-à-dire pas seulement un enregistrement mais un enregistreur des données techniques du vol, on ne saura jamais exactement ce qu’il s’est passé » poursuit Me Le Guillou.
La cour d’appel s’est donnée le temps de la réflexion. Elle rendra sa décision le 23 janvier 2020. En première instance, la quasi-totalité des prévenus avaient été reconnus coupable d’homicides involontaires.