« Je vous dis sincèrement que je n’ai pas commis de crime sur Papy Fat »

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Publié le 03/06/2018 à 15:43 - Mise à jour le 21/06/2019 à 12:17

21 juillet 2008 : Chan Sin Thong Fat, dit Papy Fat, 82 ans, disparait subitement après avoir été déposé en ville par l’un de ses fils. Des témoins le voient aux environs de midi dans la vallée de la Fautaua à proximité du complexe de l’As Dragon. Puis l’on perd sa trace.

Il faudra attendre cinq ans pour que l’enquête soit relancée. Un témoin anonyme explique avoir recueilli les confidences de plusieurs jeunes du quartier. Ils affirment avoir enterré le vieil homme dans la montagne. Placés en garde à vue, ces adolescents finissent par conduire les gendarmes jusqu’à la dépouille.

Pour l’accusation, les quatre mis en cause ont suivi Papy Fat alors qu’il rentrait chez lui à Pirae par un raccourci dans la montagne. Ils l’auraient ensuite frappé à plusieurs reprises pour lui soutirer son argent.

10 ans après les faits, le procès des responsables présumés de la mort de l’octogénaire s’est ouvert ce lundi matin devant la cour d’assises de mineurs de Papeete.

« Je ne suis pas violent »

Certains accusés étaient mineurs à l’époque des faits. L’audience aurait dû se tenir à huis-clos. La justice a exceptionnellement autorisé la publicité des débats suite au retentissement qu’avait suscité la mort de Papy Fat.

Invité à prendre la parole, l’un des accusés a lâché, de l’émotion dans la voix :

« J’ai juste envie de présenter mes excuses à la famille. J’ai honte de ce que j’ai fait. Je ne suis pas violent avec les personnes âgées. Mes parents ne m’ont pas appris à voler mais à travailler (…) Je ne voulais pas sauter sur sa dépouille mais j’ai paniqué (pour que le corps entre dans le trou, ndlr) »

A la barre, les mis en cause ont tous contesté être les auteurs de la mort du vieil homme. Ils ont expliqué l’avoir violenté uniquement pour lui faire rebrousser chemin.

Leur conseil, Maitre Huguet, déclare :

« S’il y avait eu des violences, c’était uniquement lorsqu’ils avaient essayé de faire descendre la victime de la montagne. D’après eux, il y avait un endroit qui était particulièrement escarpé, et qui aurait été impraticable. Ils étaient persuadés que lui courait à sa perte étant donné son état de santé qui leur avait semblé particulièrement diminué. »

Devant les jurés, les responsables ont indiqué avoir découvert le corps sans vie de la victime le lendemain avant de l’enterrer à la va-vite.

L’un d’eux avait préparé une lettre pour le procès. Il l’a lue lors des débats :

« Je vous demande pardon de tous mes péchés. Je n’ai pas tué votre père. On l’a retrouvé mort près du grillage. Je vous dis sincèrement que je n’ai pas commis de crime sur Papy Fat. »

Cette thèse n’a pas convaincu les enfants de la victime. Maitre Lau, avocat des enfants de la victime, explique :

« Ils étaient tous présents au moment où Papy Fat a été volé. Ils étaient tous là lorsque des violences ont été exercées. Ils étaient là quasiment tous lorsque Papy Fat a été abandonné. Il n’est pas mort de froid. Ce n’est pas possible. A mon avis, et c’est l’avis de l’expert, il s’est passé quelque chose. D’autant que des aveux ont été donnés par deux des personnes. »

Certains des accusés, qui comparaissent libres, ont aujourd’hui une situation stable. Insérés professionnellement, ils semblent loin de l’image des adolescents à la dérive qu’ils pouvaient être à l’époque.

Le procès devrait se poursuivre jusqu’à la fin de la semaine.

Rédaction web avec Jean-Baptiste Calvas et Sam Teinaore

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