A l’intérieur : un livre évidé contenant quelque 195 grammes d’ice qu’elle entendait revendre au fenua grâce à un complice. Un polynésien de 32 ans déjà condamné à plusieurs reprises dans des affaires de stupéfiants qui était un ami de son mari, lui aussi détenu au Etats-Unis pour trafic d’ice.
Selon la jeune femme, c’est parce qu’elle rencontrait des difficultés financières qu’elle a pris le risque d’importer la drogue au fenua. Elle espérait en retirer entre 40 et 80 000 dollars.
Une unique tentative, selon son avocat, Me Smain Bennouar, qui s’est soldée par un échec. « Le dossier parle de lui-même, cela a été totalement improvisé. Elle n’a pas touché cette marchandise qui n’a pas eu l’occasion d’être écoulée, donc on a affaire à quelque chose qui a rapporté strictement aucun bénéfice à quiconque. »
Pour Me Smain Bennouar, défenseur de l’accusée, on a l’impression d’être devant un dossier hors norme, alors que c’est une affaire d’ice en deçà de ce qu’a pu connaître le fenua. « C’est un dossier excessivement mineur par rapport à ce qui a pu être jugé par le passé et qui n’a pas l’épaisseur d’un dossier avec des réquisition aussi fortes. »
Pour l’homme en noir, sa cliente était fortement démunie avec à sa charge un enfant de cinq ans et son mari en détention. « Quand on est démuni et dans la difficulté, on ne fait jamais des choses très intelligente, et c’est ce qu’elle a fait, de la manière la plus maladroite qui soit. »
Son principal complice devait lui se charger d’écouler l’ice sur le territoire et d’en garder une partie pour lui. Le frère de ce dernier avait quant à lui pour rôle de s’assurer que les forces de l’ordre ne se trouvaient pas dans le secteur au moment de la livraison du colis. Une mission qui a elle aussi capoté.
Pour ce trafic, la jeune femme a finalement été condamnée à 3 années de prison ferme, ainsi que d’une amende de 19 500 000 Fcfp, valeur de la drogue à la revente, dont- elle devra s’acquitter solidairement avec l’un de ses deux complices.
Ses complices, en état de récidive, ont quant à eux, écopé de 18 mois et 4 ans de détention, Des peines en deçà des réquisitions du procureur qui réclamait le double, suscitant la grogne des avocats de la défense.
Les conseils ont d’ailleurs regretté qu’en Polynésie la seule réponse au trafic et à la consommation d’ice soit la sanction pénale. « C’est un constat général qui n’est pas lié à ce dossier là en particulier », explique Me Vincent Dubois qui poursuit, « C’est un constat d’échec généralisé que les mesures de réinsertion sont quasi inexistantes. On est dans un pays où il y a très très peu d’associations en matière de lutte contre les dépendances à la drogue. Depuis dix ans on a pas arrété d’essayer de taper fort sur les délinquants en pensant que cela allait les faire changer. Cela ne suffit pas. Il faut aussi les aider à sortir de cette situation qui fait que si l’on ne fait rien pour les aider, ils vont recommencer ».