« Le 16 octobre 1984, il était en compagnie de son épouse à son usine de 13 heures à 21 heures, j’ai donné de nouveaux éléments qui le confirment », a martelé le conseil, disant avoir réuni « dix témoins supplémentaires ».
« Il n’a pas pu s’absenter », a ajouté Me Giuranna, soulignant que pour sortir de l’usine, son client aurait dû « passer devant au moins quatre bureaux vitrés de la direction: immanquablement, vous vous faites prendre ».
Marcel Jacob a été entendu par la juge qui préside la chambre de l’instruction de Dijon, un peu plus de deux semaines après son épouse Jacqueline. Il est arrivé à pied à 9 heures lundi matin à la cour d’appel de Dijon, la tête dissimulée par une capuche, sans faire de déclaration.
L’interrogatoire, interrompu à la mi-journée, s’est achevé peu avant 18 heures. « Une longue audition dans laquelle ont été repris les thèmes principaux, j’ai l’impression qu’enfin on a une présidente attentive, qui a entendu nos explications », s’est félicité Me Giuranna.
« Ce n’est pas un dossier qui va basculer sur une audition », a tempéré le procureur général Jean-Jacques Bosc. « C’est une affaire qui sera longue, qui nécessite de nombreuses auditions, de nombreux autres interrogatoires, qui sont prévus. »
Contrôle judiciaire
Mis en examen et brièvement écroués il y a cinq mois et demi, ils avaient ensuite été placés sous un strict contrôle judiciaire, avec l’obligation de résider séparément et loin de leur domicile d’Aumontzey, dans les Vosges.
Le 20 novembre, trois jours après avoir été entendue par la juge, Jacqueline Jacob, 73 ans, a été autorisée par la justice à rentrer chez elle. Son mari demandera le 20 décembre, devant la cour d’appel, à pouvoir la rejoindre. « J’espère que le couple Jacob fêtera Noël en famille, comme je lui ai promis », a affirmé M. Giuranna.*
La justice a déjà soulevé, depuis longtemps, la question de l’emploi du temps des Jacob le jour des faits. Dans son arrêt de 1993 innocentant Christine Villemin, la mère de Grégory, la cour d’appel de Dijon avait relevé qu’il n’existait pas « en l’état », à leur encontre, « de présomptions suffisantes pour justifier de nouvelles investigations et a fortiori une inculpation ».
« A priori ils n’étaient pas disponibles à l’heure du crime mais l’éventualité d’une absence momentanée de leur lieu de travail ne saurait être exclue. L’enquête les concernant a été entreprise trop tardivement pour avoir des chances sérieuses d’aboutir à un résultat incontestable », soulignaient à l’époque les magistrats.
Dans ce dossier vieux de 33 ans, une troisième personne, Murielle Bolle, 48 ans, a été mise en examen en juin. Adolescente en 1984, elle avait accusé son beau-frère Bernard Laroche, avant de se rétracter. Jean-Marie Villemin, le père de l’enfant, avait tué ce dernier – son cousin – en 1985.
La défense de Murielle Bolle a déposé vendredi une requête visant à faire annuler sa mise en examen, assortie d’une question prioritaire de constitutionnalité touchant aux conditions de sa garde à vue en 1984.