Selon les investigations des enquêteurs, le couple s’appuyait sur plusieurs dealers pour écouler la marchandise, importée massivement. « Elle cherchait des gens qui pouvaient vendre en gros et lui acheter au moins 100 grammes d’un coup », a témoigné l’un des revendeurs.
Depuis janvier 2016, le couple aurait organisé des importations d’ice « 1 à 2 fois » par mois et vendu « près de 300 grammes » mensuellement. La drogue provenait des Etats-Unis où les Dubaquier se rendaient régulièrement.
Si le volume total n’est pas établi, Mercedes Dubaquier aurait écoulé au fenua au moins 1 kilo d’ice entre janvier 2016 et mars 2017 et son mari 500 grammes.
Et, selon certains témoins, 2 kilos de drogue pourraient encore être dissimulés et Mercedes Dubaquier aurait tenté de poursuivre son trafic depuis sa cellule : une détenue de Nuutania confiait ainsi aux enquêteurs que la femme d’affaires attendait une livraison en juin 2017, trois mois après son interpellation. Cette dernière lui aurait donc proposé d’aller récupérer ces deux kilos d’ice, « transportés dans de grands paquets de M&M’s », si elle bénéficiait d’une permission de sortie. Des déclarations que conteste Mercedes Dubaquier.
Le juge d’instruction suspecte, en outre, que le trafic a débuté dès 2013. Un ancien directeur commercial d’une société de Mercedes a en effet été condamné à 4 ans de prison pour avoir importé près d’un kilo de méthamphétamine entre 2013 et 2014. Or, l’intéressé, convoqué par le magistrat, a affirmé avoir agi pour le compte de sa patronne.
Revenus colossaux
Et s’il ne l’avait pas dénoncée à l’époque, c’est parce qu’il était sous son « influence » mais aussi car elle avait payé ses frais d’avocat.
Ce trafic organisé aurait généré des revenus colossaux. Le juge d’instruction chiffre à « plus de 234 millions en espèces », la somme déposée sur les comptes du couple entre fin 2015 et mars 2017.
Une manne qui alimentait aussi les multiples sociétés de Mercedes Dubaquier via des virements « intra-groupe », souvent « sans facture ou avec des fausses factures, réalisés juste après les dépôts de cash ». Ce qui vaut aussi au couple d’être renvoyé pour blanchiment d’argent.
Interrogée par le juge, Mercedes avait assuré n’avoir débuté le trafic qu’à compter de décembre 2016. Mais les écoutes téléphoniques et les éléments au dossier, démontrent le contraire selon le magistrat.
Celui-ci note d’ailleurs que la cheffe d’entreprises n’a cessé « de mentir » ou « refuser de répondre » aux questions durant l’instruction.
Outre le couple, sept de leurs dealers son également renvoyés devant le tribunal. De même que sa fille et deux salariées des sociétés de Mercedes, elles pour blanchiment. Le procès devrait se tenir d’ici quelques mois.