Il faut d’ores et déjà s’y préparer : futurs retraités, vos pensions vont baisser. Avec 4,7 actifs pour 1 retraité en 2004, nous sommes aujourd’hui à 2,2 actifs pour financer la retraite d’une seule personne, soit moitié moins qu’il y a 17 ans.
« La caisse de retraite, si c’est la tranche A, on va dire qu’on est au bout des réserves. On a utilisé 75 milliards de Fcfp de réserves et donc en disponible, on n’a plus grand chose », alerte Dimitri Pitoeff, membre du COSR et représentant de A Ti’a i Mua. « On a un projet de budget où, avec le poids des charges passées, il manque 4 milliards de Fcfp pour équilibrer. En retraite B, il y a un déficit aussi de 800 millions de Fcfp mais des réserves de 15 milliards de Fcfp. Fin 2022, il va y avoir un gros big bang : on ne pourra plus assurer le versement de pensions 12 mois sur 12. Il faudra peut-être faire 11 mois sur 12, parce qu’on aura des recettes qui seront inférieures par rapport aux dépenses ».
« Le régime de retraite de la tranche A, il est déficitaire depuis 2003 tous les ans et depuis 10 ans, on est sur un rythme d’à peu près 5 milliards de Fcfp par an de déficit », détaille Thierry Mosser, président du COSR. « Aujourd’hui, il reste à peu près 10 milliards de réserve en tranche A. Et compte-tenu qu’en plus il faut financer l’écart qu’on a entre le moment où on paye les retraites et le moment où les employeurs payent les cotisations – il y a à peu près 3 mois d’écart -, ça veut dire qu’en réalité, la tranche A toute seule n’a plus de réserve liquide pour payer les retraites ».
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Une TVA sociale a déjà été évoquée pour financer la protection sociale généralisée, mais le COSR veut proposer une contribution de solidarité à un taux de 1 à 1,5%, en attendant la mise en place d’une réelle réforme. Avec un taux à 1%, cette cotisation rapporterait environ 2,5 milliards de Fcfp.
« Les dirigeants, ils n’ont rien fait pour nous, pour sauver la retraite. Ils ont fait des petits trucs mais ce n’est pas suffisant », dénonce Émile Vernier, vice-président du COSR. « Aujourd’hui, on est au pied du mur, on est même au fond du trou. Il y a chaque année des milliards et des milliards de déficit. Il faut qu’on accepte de payer un petit peu tous ensemble pour sauver les retraites, sinon il n’y aura plus de retraites ».
Ces milliards de déficit « on aurait pu les éviter si on avait pris des décisions il y a une dizaine d’années à peu près », pointe du doigt le président du COSR. Et si la crise covid a bien été responsable d’une baisse de cotisation en 2020, le problème « existait déjà avant. Dès 2019, on savait que la réforme précédente ne suffirait pas pour garantir les retraites au-delà des années à venir« .
Autre préconisation du COSR : se munir d’une assurance vieillesse. « L’un des points qu’on met en exergue, ce sont les inéquités, notamment sur les salariés qui viennent à cotiser, qui ont une petite retraite, et qui se retrouvent avec le même niveau de retraite que ceux qui n’ont jamais cotisé », explique Thierry Mosser. « Si on peut le comprendre pour des gens qui n’ont jamais eu d’emploi, c’est plus difficile à comprendre pour des gens qui ont une patente par exemple, qui n’ont pas prévu leur retraite et qui, l’âge venant, vont voir le Pays en disant ‘je veux le moni rua’. Ce qu’on dit nous, c’est que chaque Polynésien qui a eu une activité cotise à un système d’assurance vieillesse pour lui-même pour ne pas dépendre de la collectivité alors qu’il a eu des revenus pendant sa vie professionnelle ».
Le comité d’orientation et de suivi des retraites veut également renforcer les contrôles. Car selon les derniers recensements, 93 000 Polynésiens ont déclaré avoir une activité professionnelle mais « quand on regarde ces chiffres, 67 000 sont des salariés et 13 000 sont des patentés et donc, il y a 13 000 à 15 000 personnes, on ne sait pas où elles sont », observe Thierry Mosser. « Elles déclarent avoir une activité mais ne cotisent pas à la CPS. La CPS fait des contrôles, mais pour des raisons de moyens humains et pour des raisons parfois techniques et juridiques, elle a des difficultés à appliquer ces contrôles. […] Ce qu’on propose nous, c’est de créer un organisme équivalent de l’Urssaf en Polynésie qui pourra travailler main dans la main avec la CCISM et la DICP de façon à avoir des contrôles plus efficaces ».
Les propositions du COSR n’ont pas fait l’objet d’une contestation directe, mais sur les 13 membres du COSR, 10 se sont exprimés : 8 pour le projet et 2 se sont abstenus. Trois centrales syndicales représentant les salariés ont préféré la politique de la chaise vide. Elles devraient néanmoins se faire entendre ce vendredi, lors du conseil d’administration de la CPS.