L’IEOM note une envolée de l’épargne financière des ménages

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L'Institut d'émission d'outre-mer (IEOM) a publié ce mardi une note sur l'impact de la crise de la covid-19 sur la situation financière des ménages et des entreprises. Il en ressort une envolée de l'épargne financière des ménages et de l'endettement bancaire des entreprises à fin mai 2020.

Publié le 21/07/2020 à 15:53 - Mise à jour le 21/07/2020 à 16:30

L'Institut d'émission d'outre-mer (IEOM) a publié ce mardi une note sur l'impact de la crise de la covid-19 sur la situation financière des ménages et des entreprises. Il en ressort une envolée de l'épargne financière des ménages et de l'endettement bancaire des entreprises à fin mai 2020.

Le recensement des premiers cas de Covid-19 en mars 2020 en Polynésie française a conduit les pouvoirs publics à fermer les frontières aux non-résidents le 18 mars 2020 et imposer des mesures de confinement à l’ensemble de la population du 20 mars au 21 mai 2020, soit deux mois, rappelle l’Institut d’émission d’outre-mer (IEOM) en introduction de sa note parue ce mardi. Pendant cette période, les échanges se sont fortement réduits comme l’attestent la diminution des paiements par carte auprès des commerçants et celle des versements d’espèces au guichet de l’IEOM.

Cette note vise à évaluer l’impact de cette crise sanitaire, et par extension, des mesures prises, sur la situation financière des ménages et des entreprises entre mars et mai 2020, à partir des déclarations mensuelles d’encours de dépôts et de crédits, ainsi que de production de crédit, communiquées par les banques polynésiennes à l’IEOM. Il en ressort que :
les ménages ont accumulé une épargne bancaire de près de 11,6 milliards de Fcfp depuis le mois de mars, alors qu’en parallèle leurs encours de crédit se sont repliés de 1,3 milliard de Fcfp ;
– les entreprises voient leurs dépôts croître de 8,8 milliards de Fcfp et leur endettement de 14,5 milliards de Fcfp sur trois mois, portés par les octrois de prêts garantis par l’État destinés à financer leurs besoins de trésorerie.

Les dépôts et l’endettement des ménages

L’augmentation des dépôts à vue des ménages s’accélère depuis le mois de mars : +4,2 milliards de Fcfp en mai après 3,8 milliards de Fcfp en mars et 2,2 milliards de Fcfp en avril 2020, soit une hausse cumulée de 10,3 milliards de Fcfp. De leur côté, les dépôts rémunérés, comprenant pour une large part les comptes sur livret et les comptes à terme, se contractent de 642 millions de Fcfp après avoir enregistré un rebond de 2,2 milliards de Fcfp au mois d’avril, soit un flux net cumulé de +1,3 milliard de Fcfp sur trois mois.

Ainsi, au regard d’un flux moyen de 1,2 milliard de Fcfp sur les trois années précédentes, le surplus de dépôts bancaires atteint 7,8 milliards de Fcfp en cumul sur trois mois. Il est particulièrement élevé en avril (4,8 milliards de Fcfp) où les mesures de confinement ont été les plus strictes, avec notamment la fermeture des commerces non essentiels, avant d’être assouplies à partir du 29 avril.

En matière d’endettement, les flux nets des crédits chutent de manière significative en avril (-1,6 milliard après +500 millions), traduisant des remboursements d’encours supérieurs à la production de crédit, laquelle a très fortement ralenti. Dans le détail, cette diminution résulte principalement de l’effondrement des flux nets des crédits à la consommation (-1,4 milliard de Fcfp), à corréler avec une consommation des ménages en biens durables atone, illustrée notamment par le recul sur un an des immatriculations de véhicules de 41% pour les mois de mars et d’avril. De la même façon, ceux des crédits à l’habitat se contractent, mais dans une moindre mesure (-350 millions de Fcfp). À fin mai, les flux nets des crédits se redressent, stimulés par la reprise des crédits à l’habitat (+975 millions) et une diminution moins arquée de l’encours des crédits à la consommation.

En conséquence, hors détention de numéraire (billets et pièces) et de placements non bancaires, le surplus d’épargne financière nette des ménages (dépôts – crédits) s’établit à 12,9 milliards de Fcfp en cumul sur trois mois (dont 7,6 milliards en avril), soit 11,6 milliards de Fcfp de plus que sa tendance.

Les dépôts et l’endettement des entreprises

À fin mai, les encours de crédits bancaires aux entreprises progressent sensiblement (+7,3 milliards de Fcfp, après +6 milliards de Fcfp en avril). Cette croissance notable, largement au-dessus des flux observés habituellement (+540 millions de Fcfp en moyenne sur les 3 années précédentes), s’explique principalement par la hausse des crédits d’exploitation, liée aux accords de PGE en faveur de 275 entreprises pour un montant total de 14,1 milliards de Fcfp. Ainsi, pour faire face à leurs charges fixes et conforter leur trésorerie, dans un contexte de ralentissement, voire d’arrêt total de leur activité, les entreprises ont massivement recouru à l’endettement.

En baisse à fin mars, leurs dépôts bancaires connaissent un accroissement de 1,8 milliard de Fcfp en avril et 7,6 milliards de Fcfp en mai (contre un flux moyen de janvier 2017 à février 2020 de 620 millions de Fcfp) correspondant aux fonds issus des PGE non encore utilisés.

Au total sur trois mois, l’endettement bancaire des entreprises a augmenté de 14,4 milliards de Fcfp tandis que leurs dépôts ont enregistré une croissance de 8,8 milliards, soit une situation nette négative (dépôts-crédits) de 5,6 milliards de Fcfp.

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