Vidéo – Hura Tapairu : le vivo enchanté de Hitireva

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Publié le 22/11/2018 à 2:00 - Mise à jour le 22/11/2018 à 2:00

Le Hura Tapairu proposait une soirée en trois temps : d’abord les Mehura (des aparima de 6 minutes) des groupes étrangers, puis deux Mehura de groupes locaux, et enfin, comme clou du spectacle, un Tapairu (spectacle complet d’une quarantaine de minutes) de Hitireva.
 
La soirée s’ouvre donc sur les « Mehura Manihini », une catégorie conçue spécialement pour les groupes étrangers. Ils sont trois à s’être inscrits, et sont tous passés jeudi.
 

Marilou Ubaldo Lafon place ses musiciens avant l’ouverture du rideau. Cette chrorégraphe américaine pense être venue « 6 ou 7 fois » à Tahiti pour y apprendre la danse. Elle arrive de San Francisco avec 26 artistes de la troupe Te pura o te rahura’a. « Sans la nouvelle compagnie aérienne, on n’aurait jamais pu venir aussi nombreux, et ça nous fait trop plaisir de partager notre amour de cette culture, qui est né de l’amitié que nous portons aux Tahitiens »
 

Le rideau s’ouvre, et ses danseuses, en robe nacrée, proposent un aparima centré sur la langue tahitienne, que ces Américains veulent humblement d’apprendre pour avoir accès à cette culture.
 

Le deuxième groupe étranger vient aussi de San Francisco. Manuia est une compagnie professionnelle plusieurs fois primée. Son thème est simple : il s’agit de remercier les amis tahitiens dans un esprit de partage et de respect, sur la chanson A ori a himene.
 

Dernier groupe étranger, Te Rahiti Nui : une troupe plus récente mais souvent primée également, qui aime travailler sur le Mana. Son thème ? To’a Marama, le lien entre les énergies de l’océan et de la terre.
 

Ahutoru Nui est le premier groupe tahitien à se produire en Mehura. Dans une robe marron un peu austère, les artistes dansent une terre source de vie. Une chorégraphie douce, peut-être trop sage pour un Mehura, puisque l’on doit séduire le public en quelques minutes seulement.
 

Vaheana l’a bien compris. Son école éponyme choisit une entrée somptueuse et une robe sexy, un mélange improbable entre une nuisette et une robe de flamenco rouge fendue jusqu’à la hanche, signé Thérèse Tumg. Les danseuses, visiblement heureuses de fouler la scène du Grand Théâtre, dansent sans répit sur les sons de Hina Pankowski ou Steve Angia et Leila Mou Sin, en passant par Vavitu Salmon et Emma Terangi. Les applaudissements sont nourris pour cette chorégraphie qui glorifie l’Amour dans tous ses états.
 

Vient enfin Hitireva Tapairu, seul groupe à se présenter en Tapairu ce soir-là. Hitireva compte tant de danseurs que sa chef, Kehaulani Chanquy, va présenter trois formations différentes au Hura Tapairu cette année !
 

Mais celle-ci sera dure à battre. Une fois n’est pas coutume, rendons hommage aux musiciens. Et en particulier à Rémi Tamaititahio : avec son vivo, il a porté à bout de doigts son groupe pendant toute la prestation. Le son doux et puissant de sa flûte nasale, soutenu par un orchestre au service de son instrument, a emporté le Grand Théâtre des siècles en arrière. Parfois, il était même accompagné de toutes les danseuses, qui ont appris l’art du vivo avec lui. Le musicien a dû en fabriquer vingt pour qu’elles jouent avec lui sur scène ! Un grand moment.
 

« Le vivo est l’un des plus anciens instruments polynésiens, il existait avant le to’ere et le fa’atete » précise Rémi. « Il était seulement utilisé pour la danse des Arioi ».
 

C’est l’histoire, la valeur, la fabrication du vivo que se propose de conter Hitireva, avec une équipe de choc : Tuarii Tracqui à l’écriture, Kehaulani Chanquy à la chorégraphie, Jean-Marc Zinguerlet à la composition et Taaroa Paraurahi comme chef d’orchestre. Un casting de rêve, complété par des danseuses habitées par leur thème, et en dévotion devant leur instrument. Un grand coup de cœur, à revivre ici !
 

Mike Leyral

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