Le 4e Heiva Taure’a 2021 prend une dimension internationale

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Les collèges de Faaroa de Raiatea, de Paea et de Maco Tevane rentrent dans la danse aux rythmes des to'ere pour ce 4e opus diffusé en live, Covid oblige, du Heiva des collèges.

Publié le 12/03/2021 à 4:29 - Mise à jour le 12/03/2021 à 12:53

Les collèges de Faaroa de Raiatea, de Paea et de Maco Tevane rentrent dans la danse aux rythmes des to'ere pour ce 4e opus diffusé en live, Covid oblige, du Heiva des collèges.

Jeudi soir, après la cérémonie du Rahīri sur le parvis de la place To’atā, c’était aux 48 élèves du collège de Faaroa venus de Raiatea, que revenait le mérite de fouler les planches de la scène mythique où des milliers de danseurs et percussionnistes ont donné la pleine mesure de leur talent artistique lors des Heiva i Tahiti, signant par là même l’ouverture – à huis clos, situation sanitaire oblige – des festivités de cette 4e édition du Heiva des collèges. La technologie du « direct live » sur les pages Facebook de Heiva Taure’a, de Tahiti Nui Télévision et de la Maison de la culture permet à l’événement de s’inviter dans tous les foyers polynésiens mais aussi d’obtenir une portée internationale dépassant les limites des simples frontières.

COLLEGE DE FAAROA (RAIATEA) : Te parau no Turi – Le périple de Turi

La première prestation des élèves conte la touchante et inspirante histoire de Turi et de ses deux frères jumeaux, descendants de la lignée des Tehaamehameha. La fratrie se voyant refuser la succession par leur père, les jumeaux décidèrent de se donner la mort et de se transformer en requin. Turi, quant à lui, décida de quitter sa terre natale.

Il entreprit alors un voyage dans les îles de la Polynésie à la recherche d’une terre, de l’amour et d’un avenir à construire. Une aventure mêlant monstre, trahison amoureuse et dur labeur qui ont précédé le règne de Turi.

Mentionnée par ses professeurs d’anglais et d’EPS, la présence parmi l’orchestre de percussionnistes, d’un élève malentendant : « Un long travail de préparation, enthousiasmant et enrichissant pour nos 48 élèves, garçons et filles dans une belle mixité et qui, pour certains, se rendaient pour la première fois à Tahiti ».

COLLEGE DE PAEA : Te peu tumu mā’ohi i mūta’a ra’e te ‘ananahi…
Te fenua mā’ohi tö tātou ‘ananahira’a, ‘e’ere ānei ?
Entre tradition et évolution… La Terre ne serait elle pas notre seul refuge ?

Suivi par une belle et remarquée prestation dans la langue vernaculaire en Reo maohi du jeune et charismatique Orero du collège de Paea. Ses envolées déclamatoires racontent que dans le temps, nos ancêtres étaient proches de leur culture, de leurs traditions, de leurs coutumes et de leurs origines. Ils étaient proches de leur Terre. Dans la nuit, les Hommes partaient de Maraa à bord de leur pirogue. Ils naviguaient en se repérant grâce aux étoiles. Ils allaient à la pêche. Ils revenaient par la petite passe de Irihonu pour accoster à la pointe Farahei.

Au bord des rives de la vallée de ‘Orofero, le peuple cultivait et récoltait leurs fruits et légumes pour se nourrir. D’autres nuits, ils allaient sur le plateau de ‘Orofero pour chasser. Nos ancêtres se réunissaient sur la place publique de Taruruamoa pour préparer le four traditionnel et y partager un festin. Sur la montagne Mahutaa, on y trouvait du ti’ati’a mou’a, du metua pu’a, pour faire le ra’au tahiti. Oui… nos ancêtres pêchaient, chantaient, dansaient, mangeaient… Ils ressentaient leur culture et racontaient leurs histoires au travers de ‘Orero.

La vie d’aujourd’hui attire la population à se diriger vers la facilité, la population devient matérialiste. Aéroport, route goudronnée, produits importés, grands bateaux, connexion au monde, travail, argent…

Tahiti…Comme un paradis qui échappe à la population, comme une terre qui échappe à la population : Tahiti… devenu le paradis des Hommes sans Terre.

COLLEGE MACO TEVANE : Ta’u Tapa Iti e – Mon précieux tapa

La soirée s’achève avec la prestation du troisième collège Maco Tevane de Taunoa, et c’est sous de tonitruants encouragements des quelques parents et amis assis dans les gradins, donnant le ton de cette envie d’en découdre en concourant pas seulement pour la première marche du podium mais surtout pour l’amour de la culture et de son implication comme projet pédagogique. Les danseurs, orero et percussionnistes content l’histoire d’un peuple entier qui, chaque année, se réunit à Taunoa, à l’embouchure de la Fa’atau’a pour remercier Pele, créatrice des îles.

Vaimoana, une sœur oubliée de Pele s’auto-proclamant déesse suprême, utilise une potion pour hypnotiser la population. Celle-ci parvient à usurper la place de sa sœur et guide le peuple vers Huahine, île d’où la confection du tapa est originaire. Elle ordonne la construction d’un édifice rassemblant tout le monde vers elle.

Hiro, célèbre guerrier, arrive en retard à la cérémonie et s’étonne de la disparition du peuple. Il décide d’entreprendre un voyage de recherche, se transformant en oiseau, et se laisse porter par le to’erau qui le conduit directement à Tematato’erauroa, l’ancien nom de Huahine. Il entend des battoirs, il se rapproche et comprend la prise de pouvoir inattendue. Il décide de suivre Vaimoana vers la grotte Aratupaupau de Faieet et vit Teanahei, princesse de Huahine et détentrice du savoir ancestral de confection de tapa, prisonnière de racines de mape. Il entreprend de la délivrer sans grand succès. Celle-ci se rappelant d’un chant, lui donne le courage d’utiliser son battoir magique pour solliciter l’aide de Pele.

La déesse arrive au pied de l’arbre de mape, libère Teanahei mais aussi tout le peuple de l’emprise de Vaimoana. Depuis, une alliance lie les habitants de Huahine et ceux de Taunoa par le biais de la confection de tapa. Teanahei, spécialiste et experte, partage désormais son savoir-faire avec tous.

Ce vendredi 12 mars à 18h30, le Heiva Taure’a continue avec l’entrée en lice des prestations des collégiens de Papara, de Hitia’a et de Makemo. À ne pas manquer donc.

Texte et photos : © Stéphane Sayeb / Tahiti Zoom

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