Hei Tahiti ose tout à To’ata !

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Publié le 07/07/2018 à 14:13 - Mise à jour le 07/07/2018 à 14:13

La terre est parfois née d’un viol. Comme à Huahine, dont « les berges sont les jambes tremblantes après un viol » affirme Yann Paa, l’auteur du thème de Hei Tahiti cette année. Le groupe a choisi de lever le voile sur le côté obscur de ce qui constitue aussi le patrimoine polynésien. Mais comment illustrer artistiquement cette violence ?  

Les 180 danseurs de Hei Tahiti y vont fort, quitte à déranger : le viol est présenté sur scène. En danse bien sûr, mais une danse sans concession : violente et bien jouée.
 

Si Hei Tahiti ose, ce n’est pas que sur son thème. Le groupe casse les codes de la scène, et lui ajoute une troisième dimension en prenant de la hauteur. Un magnifique piédestal permet aux danseuses de monter plusieurs mètres au-dessus de To’ata. Parfois, elles dansent aussi sur l’estrade, au milieu des musiciens. Et à la fin, comme une offrande aux ancêtres, tous les danseurs investissent les tribunes pour distribuer du ma’a au public. Une exploitation de l’espace rarement vue à To’ata.
 

Tiare Trompette innove même sur les pas : les filles dansent par exemple en position du saut de l’ange, retenue à l’arrière par les garçons.

Oser, c’est risqué : toutes ces innovations déstabiliseront-elles le jury, ou sauront-elles le convaincre ? Le public, lui, a fait son choix : une ovation.
 

En début de soirée, Fare Ihi no Huahine avait présenté un avant-goût du spectacle de Hei Tahiti… en choisissant aussi de raconter une histoire de viol ! Là aussi présenté de manière très crue. Le personnage principal, la princesse Hotuhiva, est interprété avec une grande sensibilité.
 

Dommage, To’ata n’était qu’à moitié remplie avant 19h00, sans doute en prévision d’une très longue soirée, qui devait s’achever peu avant minuit. Les retardataires auront manqué une très belle prestation en Hura ava tau, avec une mention spéciale pour une coiffe en forme de fa’atete, portée avec grâce et noblesse par les danseuses.
 

C’est ensuite au tour de Te Pare o Tahiti aea de se présenter en Tarava Tahiti. Un groupe jeune, constitué en 2016, mais déjà plusieurs fois primé. Il est dirigé par Teia Rapae et a choisi cette année pour thème « les deux coraux légendaires ».
 

Ensuite arrive Teahinui, deuxième groupe en concours Hura ava tau ce samedi. Il rend hommage à la femme polynésienne, avec sa force, sa détermination et son esprit de sacrifice. Teahinui défend avec grâce l’égalité homme/femme tout en préservant les traditions.

Le dernier groupe de chant à passer samedi se présentait en Tarava Tuhaa Pae, comme son nom l’indique : Tamarii Tuha’a Pae no Mahina. Sa chef de groupe, Viviane Tavita, a choisi pour thème « la rencontre de l’enfant et de sa terre Nuiova ». Vainqueur l’an passé, les chanteurs ont de nouveau réalisé une très belle prestation, rehaussée par les très jolis chapeaux des vahine.
 

Mike Leyral

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