Trump mis en accusation au Congrès, un deuxième « impeachment » historique

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Le président américain Donald Trump a été mis en accusation mercredi au Congrès, un deuxième "impeachment" historique une semaine avant la fin de son mandat qui s'achève dans la confusion et dans un climat d'extrême tension.

Publié le 13/01/2021 à 12:10 - Mise à jour le 13/01/2021 à 12:13

Le président américain Donald Trump a été mis en accusation mercredi au Congrès, un deuxième "impeachment" historique une semaine avant la fin de son mandat qui s'achève dans la confusion et dans un climat d'extrême tension.

La Chambre des représentants, dominée par les démocrates, s’est prononcée en faveur de l' »impeachement » par 232 voix contre 197.

Le milliardaire républicain de 74 ans, qui cèdera la place à Joe Biden le 20 janvier, est accusé d’avoir encouragé l’assaut de ses partisans contre le Capitole qui a fait cinq morts et ébranlé la démocratie américaine.

« Il doit partir, il est un danger évident et immédiat contre la nation que nous aimons tous », avait déclaré peu avant Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la Chambre, l’accusant solennellement d’avoir « incité à cette insurrection, cette rébellion armée ».

À quelques jours de son départ pour Mar-a-Lago, en Floride, où il devrait entamer sa nouvelle vie d’ex-président, Donald Trump apparaît extrêmement isolé.

« pas d’excuse pour les actes du président Trump »

Dan Newhouse

Contrairement à l’acte d’impeachment dans l’affaire ukrainienne il y a plus d’un an, plusieurs républicains – 10 au total –  ont voté en faveur du renvoi en procès. Parmi eux, Dan Newhouse a martelé qu’il n’y avait « pas d’excuse pour les actes du président Trump ».

Ce vote marque l’ouverture formelle de la procédure de destitution contre Donald Trump, et il appartient désormais au Sénat de le juger.

Mais ce procès soulève de nombreuses questions et ouvre un nouveau chapitre inédit de l’histoire américaine. Il ne s’ouvrira pas avant le 19 janvier, voire plus probablement après l’investiture de Joe Biden, risquant d’entraver l’action législative des démocrates au début de leur présidence, en monopolisant les séances.

Quelques heures avant le vote, et dans une ville de Washington sous haute tension, Donald Trump avait lancé un nouvel appel au calme tardif.

« PAS de violence, PAS de délits, PAS de vandalisme », a-t-il exhorté dans un communiqué alors que de nouvelles manifestations sont annoncées pour le week-end.

« J’appelle TOUS les Américains à contribuer à apaiser les tensions », a ajouté celui qui a été privé ces derniers jours de l’essentiel de ses canaux de communication préférés sur les réseaux sociaux.

La capitale fédérale, placée sous très haute sécurité, était méconnaissable.

Crédit : Tasos Katopodis/Getty Images/AFP

Militaires au Capitole

Images saisissantes : des dizaines de militaires réservistes ont passé la nuit à l’intérieur du Congrès, dormant encore à même le sol alors même que les élus affluaient.

Des blocs de béton ont été disposés pour bloquer les principaux axes du centre-ville, d’immenses grilles métalliques entourent nombre de bâtiments fédéraux, dont la Maison Blanche. La Garde nationale est omniprésente.

Toute la journée, les débats ont été vifs.

L’élue démocrate Ilhan Omar a qualifié Donald Trump de « tyran ». « Nous ne pouvons simplement pas tourner la page sans rien faire », a-t-elle lancé.

Chez les républicains, les positions étaient plus contrastées. Des fervents soutiens du milliardaire républicain l’ont défendu bec et ongles, à l’instar de Jim Jordan qui a dénoncé « une obsession » des démocrates. Ou de Matt Gaetz qui a souligné que « des millions de personnes aiment tellement » le président sortant.

Mais d’autres ont pris clairement leurs distances.

« Le président porte une responsabilité dans l’attaque » contre le Congrès « par des émeutiers », qu’il « aurait dû dénoncer immédiatement », a reconnu le chef de file des députés républicains Kevin McCarthy, demandant une « commission d’enquête » et le vote d’une « motion de censure ».

Il a toutefois estimé qu’une mise en accusation si près de la fin de son mandat serait « une erreur ».

Mardi, Donald Trump  avait tenté de réduire la procédure le visant à une énième « chasse aux sorcières ». Et avait obstinément refusé de reconnaître la moindre responsabilité dans l’assaut contre le Capitole, jugeant que son discours avait été « tout à fait convenable ».

L’approbation de McConnell

Mais dans son camp, peu d’élus partagent cette analyse.

Plus inquiétant pour le milliardaire et son éventuel avenir politique, Mitch McConnell, puissant chef de file des républicains au Sénat, a fait savoir qu’il n’excluait pas de voter la destitution.

« Je n’ai pas pris ma décision définitive sur mon vote, j’ai l’intention d’écouter les arguments juridiques quand ils seront présentés au Sénat », a-t-il écrit à ses collègues républicains dans une note rendue publique.

Cet habile stratège, très influent, pourrait, s’il donne un signal en faveur de la destitution, aider le parti républicain à tourner définitivement la page Trump.   

Les démocrates prendront le 20 janvier le contrôle de la chambre haute mais auront besoin du ralliement de nombreux républicains pour atteindre la majorité des deux tiers nécessaire à la condamnation. 

Malgré son assurance affichée et le soutien de certains élus très loyaux, Donald Trump est plus seul que jamais après une série de démissions dans son gouvernement et des critiques cinglantes.

Critiqué pour avoir tardé, mercredi dernier, à envoyer la Garde nationale, le Pentagone a cette fois autorisé le déploiement de 20.000 soldats pour la cérémonie d’investiture prévue le 20 janvier justement sur les marches du Capitole, siège du Congrès.

Mobilisés à l’origine pour offrir un soutien logistique à la police, ses membres ont commencé à porter des armes tard mardi.

Preuve de la tension qui règne dans la capitale fédérale américaine, le site Airbnb a annoncé l’annulation et le blocage des réservations sur sa plateforme à Washington pendant la semaine de l’investiture du futur président américain.

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