Peut-on parler de « peuple calédonien »? Le sujet fait débat au Sénat

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Publié le 12/02/2018 à 16:44 - Mise à jour le 12/02/2018 à 16:44

Le sénateur LR de Nouvelle-Calédonie, Pierre Frogier, a lancé les hostilités, juste après avoir indiqué qu’il voterait le projet de loi sur les listes électorales. 

« L’essentiel n’est pas là », a-t-il dit, regrettant qu’en décembre « le Premier ministre (ait) dit que le peuple calédonien s’exprimerait souverainement lors de la consultation. Les mots ont du sens : que le Premier ministre évoque un peuple calédonien distinct du peuple français, un peuple par surcroît appelé à s’exprimer souverainement, ce n’est pas une maladresse, mais c’est un gage aux indépendantistes », a-t-il déploré. 

La ministre des Outre-mer, Annick Girardin, lui a répondu un peu plus tard qu’elle « ne recul(ait) pas devant la notion de peuple calédonien. Il est la conséquence de la notion de citoyenneté calédonienne », a-t-elle souligné, s’assurant les protestations du député.

Le rapporteur LR du projet de loi, Philippe Bas, est alors monté au créneau :  » Nos concitoyens de Nouvelle-Calédonie sont des citoyens français. Ils sont citoyens de Nouvelle-Calédonie, citoyens français, citoyens européens. De la même façon qu’on peut être citoyen européen sans qu’il existe un peuple européen – personne ne le conteste, on peut être citoyen calédonien sans qu’il existe de peuple calédonien « , a-t-il analysé. 

 » Ce n’est pas une opinion politique, mais la réalité du droit constitutionnel « , a-t-il insisté. 

 » Il n’existera, juridiquement, de peuple calédonien que si les Néo-Calédoniens votent l’autodétermination et que la Nouvelle-Calédonie est reconnue, internationalement, comme un État – ce que ne manquerait pas de faire la France. » Mais sans cet acte, parler de peuple calédonien, c’est exprimer un point de vue politique « , a-t-il affirmé.

« Oui, a rétorqué », Mme Girardin, « utiliser le mot peuple relève d’une position politique. Le président Larcher l’a fait… Mais nous y reviendrons ».

Lors de son déplacement, Édouard Philippe avait notamment déclaré devant le Congrès de Nouvelle-Calédonie que c’était « au « peuple calédonien » de se prononcer. Une formule qui avait notamment réjoui les indépendantistes, comme Louis Mapou, chef du groupe UNI-FLNKS, qui avait salué cette « référence au peuple calédonien, plutôt rare de la part d’un haut responsable de la République ».
 

AFP

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