Le Bureau politique (BP) de la coalition indépendantiste a acté jeudi « une démarche unitaire » consistant en l’envoi au haut-commissaire de la République d’un seul courrier, signé des deux groupes FLNKS au Congrès, l’UNI et l’UC (Union Calédonienne). Ceux-ci, auxquels s’est jointe une élue d’un parti séparatiste minoritaire, représentent 26 élus sur 54.
Le Gouvernement « prend acte » de cette demande, a indiqué le ministre des Outre-mer jeudi matin dans un communiqué. Sébastien Lecornu a aussi ajouté que « l’Etat, signataire et garant de cet accord, respectera sa parole et organisera ce référendum avant le mois d’octobre 2022. Les préparatifs débuteront prochainement, en association étroite avec le comité des signataires institué par l’accord de Nouméa ».
Le Gouvernement appelle, par ailleurs, « à l’engagement de tous pour que la campagne référendaire soit sereine, respectueuse et constructive. Le comité des sages, dont la mission a été renouvelée en octobre, pourra y contribuer ainsi que toutes les autorités politiques, économiques, sociales, religieuses et morales du territoire », selon le texte.
– PUBLICITE –
Depuis la date du 4 avril, soit six mois après le précédent scrutin du 4 octobre 2020, un minimum d’un tiers des élus du Congrès peut demander la tenue du troisième et dernier référendum inscrit dans l’accord de Nouméa.
Alors que des divergences opposaient l’UNI et l’UC sur la date du troisième référendum, un consensus a par ailleurs été trouvé pour qu’il ait lieu en fin de période « en septembre 2022 ».
Redoutant une victoire de Marine Le Pen à l’élection présidentielle de 2022, l’UNI préconisait une organisation du scrutin dès 2021, mais les contextes politique et sanitaire ont remis en cause cette option.
L’Etat dispose d’un délai de 18 mois pour organiser la consultation, qui interviendra après celle du 4 novembre 2018 remportée avec 56,7% par les partisans du maintien dans la France et celle du 4 octobre 2020, qu’ils ont également gagnée mais avec un score plus étroit de 53,3%.
L’accord de Nouméa prévoit la même question que lors des deux précédents scrutins : « Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante? », ce qui suscite des réticences côté loyaliste. « Nous ne souhaitons pas une troisième consultation qui divise, mais une solution d’avenir pour les Calédoniens », a déclaré à la télévision Caledonia Virginie Ruffenach, cheffe du groupe Avenir en Confiance (AEC) au Congrès.
L’élue a en outre souhaité que ce référendum « imposé » par les indépendantistes « se passe le plus rapidement possible ». Également contre « un référendum binaire », Philippe Dunoyer, député UDI, a lui prôné « un référendum de rassemblement ».
Le Premier ministre, Jean Castex, a invité les dirigeants calédoniens à Paris du 25 mai au 3 juin prochains « pour une session d’échanges et de travail » pour préparer l’après Accord de Nouméa.
« On se doit d’envisager le oui et le non. (…) Les Calédoniennes et les Calédoniens ont le droit de savoir pour quoi ils votent », a déclaré jeudi Sébastien Lecornu, dans une interview conjointe au Monde et au quotidien local, Les Nouvelles-Calédoniennes.
« Nous avons fait travailler les services de l’Etat sur les implications en matière monétaire, bancaire, sur le nickel, sur le lien avec la République, les questions de citoyenneté, les questions régaliennes… Tous ces documents seront communiqués et pourront être consultés par les différents acteurs« , a ajouté le ministre des Outre-mer.
Depuis le 17 février, les membres du gouvernement collégial de Nouvelle-Calédonie tentent en vain d’élire un président en raison de dissensions entre indépendantistes. Pourtant, c’est la première fois depuis le début de l’accord de Nouméa que ces derniers ont la majorité au sein de l’exécutif.