Mais selon un rapport de scientifiques missionnées par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (Cicta), sa population mondiale est tombée à seulement 20% de son niveau historique. La solution selon eux ? Réduire drastiquement le niveau de pêche, faute de quoi le stock risque de s’effondrer d’ici dix ou vingt ans. Le niveau actuel est supérieur de 60% à celui qui pourrait permettre au thon obèse de reconstituer de façon durable des stocks déjà trop faibles.
On trouve le thon obèse (Thunnus obesus) dans l’Atlantique, le Pacifique et l’Océan indien. Il n’y en a pas en Méditerranée. Il vit dans des eaux plus profondes que d’autres espèces de thons tropicaux, dont le plus connu est l’albacore.
Trop de bateaux et pas assez de poissons
Une séance préparatoire aura lieu la semaine prochaine à Madrid. C’est là que la Cicta, organisation intergouvernementale qui négocie des accords contraignants avec les pays signataires, arrêtera ses recommandations.
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En novembre, son sort dépendra largement du Japon et de l’Union européenne : à eux deux, ils représentent la moitié des 80 000 tonnes pêchées l’an passé.
“S’ils viennent autour de la table avec la volonté de trouver une solution, on peut y arriver”, veut croire Paulus Tak. “Mais s’ils jouent la montre ou font des choix qui n’offrent pas au thon obèse une chance raisonnable de s’en sortir, les stocks continueront à décliner”.
Des milliers de hameçons
“Non seulement ce processus ne s’est pas enclenché, mais les choses se sont aggravées”, déplore Grantly Galland, scientifique de Pew qui a participé à la rédaction du rapport.
Les experts estiment qu’abaisser les prises à 50 000 tonnes par an offrirait au thon obèse 70% de chances de reconstituer ses stocks d’ici 2028.
Comment concilier la préservation d’une espèce et les impératifs commerciaux de toute une industrie ? La Cicta a déjà affronté ce casse-tête en 2007.
La perspective de voir l’une des trois espèces de thon rouge (Thunnus thynnus) ajoutée à la liste de l’ONU des espèces menacées l’avait contrainte à instaurer un quota de pêche et de strictes mesures de contrôle sur 15 ans dans l’Atlantique-Est et en Méditerranée.
Depuis, le stock a commencé à se reconstituer, même si un relèvement des quotas en 2014 a suscité l’inquiétude des défenseurs de l’environnement.
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Dans le cas du thon obèse, certains réclament d’imposer des restrictions aux bateaux européens (principalement espagnols) qui attrapent des centaines de poissons dans leurs filets dérivants.
Également au banc des accusés, les palangriers japonais ou taïwanais, qui traînent d’immenses lignes garnies de centaines, voire de milliers de hameçons.
Enfin, les experts pointent une pratique pourtant légale pratiquée par des navires venant de grandes nations de pêche, particulièrement l’Espagne. Ils changent leur pavillon au profit de ceux de pays en voie de développement qui, eux, ne sont pas soumis à des quotas.
Rédaction web avec AFP