Les Occidentaux dénoncent le veto de Moscou à la surveillance des sanctions contre Pyongyang

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La dissolution du système de surveillance des sanctions de l'ONU contre la Corée du Nord et son programme nucléaire, imposée par la Russie, a été dénoncée vendredi par l'Union européenne comme une tentative de dissimuler des transferts d'armes entre les deux pays.

Publié le 29/03/2024 à 14:04 - Mise à jour le 29/03/2024 à 14:04

La dissolution du système de surveillance des sanctions de l'ONU contre la Corée du Nord et son programme nucléaire, imposée par la Russie, a été dénoncée vendredi par l'Union européenne comme une tentative de dissimuler des transferts d'armes entre les deux pays.

Le veto russe est « une tentative visant à dissimuler des transferts illégaux d’armes entre la Corée du Nord et la Russie« , a estimé l’UE. « Cela aura de graves conséquences sur la capacité à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité et à répondre aux actions déstabilisatrices » de Pyongyang et « sapera l’architecture mondiale de non-prolifération« , a-t-elle averti.

La Corée du Nord est soumise depuis 2006 à des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU liées à son programme nucléaire, renforcées plusieurs fois en 2016 et 2017. Mais depuis 2019, la Russie et la Chine, mettant notamment en avant la situation humanitaire de la population nord-coréenne, réclament l’allègement de ces sanctions, qui n’ont pas de date de fin.

N’ayant pas obtenu gain de cause, les Russes ont pris pour cible le comité d’experts chargé de surveiller l’application de ces mesures, comité dont les rapports font référence. La Russie a ainsi mis son veto jeudi à un projet de résolution prolongeant d’un an le mandat de ce comité. Le texte a recueilli 13 voix pour, la Chine s’étant abstenue.

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L’ambassadeur russe Vassili Nebenzia a justifié ce veto en estimant que le comité n’a plus lieu d’être, se concentrant sur « des questions sans intérêt pas à la mesure des problèmes auxquels fait face la péninsule« .

Il avait à la place proposé au Conseil une réévaluation du régime des sanctions, proposition soutenue par la Chine. « Pendant de longues années, les mesures de restrictions internationales n’ont pas aidé à améliorer la situation sécuritaire dans la région. Au contraire, en l’absence de mécanismes permettant de réviser et alléger ces sanctions, cet instrument est un obstacle majeur au renforcement de la confiance et au maintien d’un dialogue politique« , a affirmé vendredi le ministère russe des Affaires étrangères.

« La situation actuelle dans la péninsule de Corée reste tendue et imposer aveuglément des sanctions ne peut pas résoudre le problème« , a jugé un porte-parole du ministère des Affaires étrangères chinois.

Le département d’Etat américain a, de son côté, accusé la Russie de « (saper) avec cynisme la paix et la sécurité dans le monde, tout cela pour favoriser un troc vicié que Moscou a scellé » avec Pyongyang, sur de l’armement notamment.

Admission de culpabilité

« Ce veto n’est pas un signe de l’inquiétude pour la population nord-coréenne ou pour l’efficacité des sanctions. Cela concerne la Russie, obtenant la liberté de violer les sanctions en quête d’armes pour les utiliser contre l’Ukraine« , a dénoncé l’ambassadrice britannique à l’ONU Barbara Woodward.

« Il ne peut y avoir aucune justification à la disparition des gardiens du régime de sanctions« , a abondé l’ambassadeur sud-coréen Joonkook Hwang. « C’est comme détruire des caméras de surveillance pour empêcher d’être pris la main dans le sac« .

Ce veto « est en fait une admission de culpabilité. Moscou ne cache plus sa coopération militaire avec la Corée du Nord (…) ainsi que l’utilisation d’armes nord-coréennes dans la guerre contre l’Ukraine« , a commenté le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba.

« La Russie a désormais utilisé son veto pour mettre un terme à deux comités d’experts, en raison du développement de ses relations militaires avec ces gouvernements« , ont en outre dénoncé dans un communiqué commun Etats-Unis, France, Japon, Corée du Sud et Royaume-Uni.

En août dernier, la Russie avait déjà bloqué une résolution qui aurait prolongé le mandat des experts ayant rendu des conclusions accablantes pour la junte au Mali et ses « partenaires de sécurité étrangers« .

Dans son dernier rapport début mars, le comité d’experts souligne que la Corée du Nord continue de « bafouer les sanctions du Conseil de sécurité« , notamment en développant son programme nucléaire, en lançant des missiles balistiques, en violant les sanctions maritimes et les limites d’importations de pétrole.

Le comité y affirme avoir commencé à enquêter sur « des informations » faisant état de l’exportation par la Corée du Nord « d’armes conventionnelles et de munitions » en violation des sanctions, notamment vers la Russie.

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