Le monde sur un chemin « catastrophique » vers un réchauffement de +2,7°C

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Les engagements déposés par les Etats signataires de l'Accord de Paris mènent le monde à un réchauffement "catastrophique" de +2,7°C, très loin de l'objectif de 1,5°C espéré pour limiter ses retombées destructrices, s'est alarmée l'ONU à six semaines de la COP26.

Publié le 17/09/2021 à 11:44 - Mise à jour le 17/09/2021 à 11:44

Les engagements déposés par les Etats signataires de l'Accord de Paris mènent le monde à un réchauffement "catastrophique" de +2,7°C, très loin de l'objectif de 1,5°C espéré pour limiter ses retombées destructrices, s'est alarmée l'ONU à six semaines de la COP26.

Le rapport évaluant les engagements nationaux de 191 pays, publié vendredi, « montre que le monde est sur un chemin catastrophique vers +2,7°C de réchauffement », a déclaré le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

L’Accord de Paris vise à limiter ce réchauffement bien en-deçà de +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, si possible +1,5°C. 

Mais « l’échec à respecter cet objectif se mesurera à l’aune du nombre de morts et de moyens de subsistance détruits », a insisté Antonio Guterres, en appelant tous les gouvernements à proposer des engagements plus ambitieux.

En vertu de l’Accord de Paris, chaque pays devait réviser d’ici à la fin 2020 sa « contribution déterminée au niveau national » (NDC).

Mais au 30 juillet, seuls 113 pays, représentant moins de la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre (49%), avaient effectivement déposé leurs engagements révisés.

Avec ces nouvelles promesses, les émissions de ce groupe de 113 pays, dont les Etats-Unis et l’UE, seraient réduites de 12% en 2030 par rapport à 2010. Une « lueur d’espoir » qui n’éclipse toutefois pas le côté « sombre » de ce tableau, a relevé la responsable climat de l’ONU Patricia Espinosa.

« Dans l’ensemble, les chiffres des émissions de gaz à effet de serre vont dans la mauvaise direction », a-t-elle déploré.

En prenant en compte l’ensemble des NDC – révisées ou non – des 191 pays, les émissions devraient augmenter de 16% en 2030 par rapport à 2010, alors qu’il faudrait les réduire de 40% d’ici à 2030 pour rester sous 1,5°C ou de 25% pour 2°C.

Une augmentation « considérable » qui « pourrait entraîner une hausse de la température d’environ 2,7°C d’ici à la fin du siècle » alors que chaque fraction de degré supplémentaire multiplie les conséquences dramatiques.

En août, le dernier rapport des scientifiques du Giec mettait déjà en garde contre le risque d’atteindre le seuil de 1,5°C autour de 2030, dix ans plus tôt qu’estimé, menaçant l’humanité de désastres sans précédent.

« Le temps presse », selon Biden

Dans ce contexte, « la COP26 doit être un succès », a insisté Patricia Espinosa. Elle a appelé les Etats à négocier en étant « poussés pas uniquement par le désir légitime de protection de leur intérêt national mais aussi par l’objectif de contribuer au bien-être de l’humanité ».

Alors qu’une dernière évaluation sera réalisée d’ici à la fin octobre, elle espère également de nouveaux engagements.

« Nous devons agir, nous tous, nous devons agir maintenant », a déclaré de son côté le président américain Joe Biden au début d’un sommet virtuel avec neuf dirigeants étrangers. « Pour ceux qui ne l’ont pas fait, le temps presse », a-t-il ajouté, appelant à la « plus grande » ambition.

Les dirigeants de la Grèce, de la France et de sept autres pays du sud de l’UE préparent de leur côté une déclaration commune sur le climat, au terme d’un sommet à Athènes vendredi soir.

L’attention est notamment tournée vers la Chine, responsable de plus d’un quart des émissions mondiales de CO2. Le président Xi Jinping a annoncé il y a un an viser la neutralité carbone d’ici à 2060 et un pic d’émissions « autour de 2030 », mais sans réviser sa NDC.

« Tenir les promesses »

Au-delà de la Chine, tout le G20 est dans le collimateur des défenseurs du climat.

« Il est plus que temps qu’ils soient à la hauteur et qu’ils traitent cette crise comme une crise », a commenté le président du groupe des Pays les moins avancés, Sonam P. Wangdi.

La question de la responsabilité des grandes économies en matière de climat fait partie des tensions récurrentes sur la scène diplomatique, tout comme la question de l’aide financière.

Les pays du Nord se sont engagés en 2009 à porter à 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 l’assistance climat aux pays du Sud. Selon les chiffres de l’OCDE publiés vendredi, cette aide n’atteignait en 2019 que 79,6 milliards.

Une situation qui inquiète Antonio Guterres.

« La lutte contre le changement climatique ne sera un succès que si tout le monde s’unit pour plus d’ambition, de coopération, de crédibilité », a-t-il déclaré. « Il est temps pour les dirigeants de prendre position et tenir leurs promesses ou les populations dans tous les pays en paieront le prix ».

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