Hollande reconnait la responsabilité française envers les harkis

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Publié le 24/09/2016 à 8:31 - Mise à jour le 24/09/2016 à 8:31

En Polynésie, Frédéric Poisot, directeur de cabinet du Haut-Commissaire, représentant le Haut-Commisaire de la République en mission à Paris, a présidé ce dimanche, la cérémonie organisée à l’occasion de la journée nationale d’hommage aux Harkis et aux autres membres des formations supplétives de la guerre d’Algérie. Jean-Christophe Bouissou, porte parole du gouvernement, Marcel Tuihani, président de l’assemblée de la Polynésie française, Marcelino Teata, représentant le Maire de Papeete,  Patrick  Yieng Kow représentant le président du CESC et le colonel Paul Bader, représentant le COMSUP étaient présents.

« Si les premières forces auxiliaires mobiles se forment sur le terrain dès 1955, c’est en 1956 que le terme « harki » naît administrativement, englobant par la suite l’ensemble des volontaires algériens qui servaient en dehors des cadres de l’armée régulière », a rappelé Jean-Marc Todeschini, Secrétaire d’Etat aux anciens combattants et à la mémoire auprès du Ministre de la Défense, dans un message lu par Frédéric Poisot durant la cérémonie.

Parmi ces harkis, Ali Bel Hadj Fellague Chebra caporal-chef médaillé militaire, croix du combattant volontaire et croix du combattant ainsi que Moktari Salah caporal-chef croix du combattant, polynésiens de cœur, sont venus fonder une famille au Fenua.

Le Service de l’Office National des Anciens Combattants  et Victimes de Guerre de Polynésie française consacre une exposition aux harkis du 26 septembre au 7 octobre. Elle est à découvrir à la Maison du combattant à Vaininiore.

 

En métropole, cette journée d’hommage a pris des allures de campagne électorale. Le Président de la République François Hollande a reconnu dimanche « les responsabilités » de la France dans « l’abandon » des harkis. Cette reconnaissance était une première par son caractère solennel. 
Candidat, François Hollande en avait fait la promesse, en avril 2012, tenue dès septembre de la même année mais seulement via un message lu par un de ses ministres.
 
Encore chef de l’État mais alors complètement candidat, Nicolas Sarkozy avait lui aussi « reconnu » cette responsabilité française, huit jours avant la présidentielle 2012. Il avait été le premier président à se rendre au camp de Rivesaltes (Pyrénées-Orientales) où avaient été parqués plusieurs dizaines de milliers de harkis.
 
Mais dimanche, François Hollande a délivré son message dans la cour de l’Hôtel national des Invalides à l’occasion de la Journée nationale d’hommage aux harkis, instituée, a-t-il rappelé, par l’ancien président Jacques Chirac. 
« Je reconnais les responsabilités des gouvernements français dans l’abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d’accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France », a dit le chef de l’État, applaudi par les représentants des harkis présents. 
 
Kader Arif, son ancien secrétaire d’Etat aux anciens combattants, a estimé auprès de l’AFP que c’était « un acte fort », Europe Ecologie-Les Verts y voyant « un pas en avant important dans le travail de mémoire relatif à la guerre d’Algérie que la France doit entreprendre ». Christian Estrosi, l’un des porte-parole de la campagne de Nicolas Sarkozy, y a vu lui un « plagiat » de son champion.
 
François Hollande a repris presque au mot près sa promesse de 2012, manière pour lui de montrer qu’elle est pleinement honorée… et de tenter de se réconcilier avec un certain nombre de harkis qui avaient protesté (accompagnés de nombreuses voix à droite) au printemps. 
 
Le chef de l’État avait en effet commémoré le cessez-le-feu du 19 mars 1962 en Algérie (le lendemain des accords d’Evian), une date qu’ils considèrent comme symbolique de leur abandon.
 
Après ces accords, 55 000 à 75 000 harkis ont été abandonnés en Algérie et victimes de sanglantes représailles de la part des nationalistes. Quelque 60 000 ont été admis en France.  

 

François Hollande a souligné le caractère « symbolique » de sa déclaration, insisté sur les actions déjà entreprises par ses prédécesseurs et rappelé son plan d’action de 2014 comportant un volet « réparations ».
 
C’est qu’au sein de la communauté harkie, des voix s’élèvent pour que la France fasse un geste supplémentaire. « La France a une dette envers les harkis », déclarait en mars Hocine Louanchi, coordinateur du Rassemblement militant de la cause harkie.
Mohamed Otsmani, délégué régional Paca du Comité de liaison national des harkis, qui représente 150 000 personnes, a lui demandé une loi, car « la reconnaissance ne va pas sans la réparation ». 
« Nous trouvons la paix des mémoires » avec la déclaration de François Hollande, s’est-il tout de même félicité.
 
Leurs demandes sont relayées dans la classe politique. Des députés de droite ont déposé en avril une proposition de loi pour « réparer les préjudices moraux et matériels subis par les harkis », 500 000 personnes avec les descendants.
 
Dimanche aux Invalides, François Hollande a serré la main de nombre de candidats à la présidentielle, présents aux côtés des anciens combattants : Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, Jean-François Copé ou Marine Le Pen (FN).
 
Alain Juppé, l’un des favoris de la primaire de la droite, célébrait cette journée d’hommage à Bordeaux dont il est maire. En visite auprès d’une famille de harkis en Camargue samedi, François Fillon a plaidé pour que l’on « répare » les injustices. Bruno Le Maire a souhaité que soient « trait(ées) avec dignité les questions relatives à l’indemnisation ». 
Cette reconnaissance, « c’est tard, c’est mieux tard que jamais, c’est terriblement trop tard », a de son côté estimé NKM sur Radio J.
 
Alors que Nicolas Sarkozy est régulièrement accusé dans son camp de diviser, tandis que la droite et le FN vitupèrent régulièrement contre toute « repentance », François Hollande a saisi l’occasion pour mettre en garde ses probables futurs adversaires : « La grandeur est toujours du côté de ceux qui réparent, plutôt que (de) ceux qui séparent. »

 

Avec AFP

 

Le message de Jean-Marc Todechini, Secrétaire d’Etat aux anciens combattants et à la mémoire auprès du Ministre de la Défense :

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