Edouard Philippe en Nouvelle-Calédonie, à un an du référendum sur l’indépendance

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Publié le 29/11/2017 à 10:28 - Mise à jour le 29/11/2017 à 10:28

Ce premier voyage du chef de gouvernement dans cet archipel du Pacifique Sud, français depuis 1853, est l’occasion de « faire le point sur les travaux qui doivent se poursuivre » avant la tenue du référendum, prévue au plus tard en novembre 2018.

Ce déplacement intervient un mois après « un accord politique » trouvé à Paris le 2 novembre entre indépendantistes et non indépendantistes, sous la houlette d’Edouard Philippe, sur l’un des principaux points d’achoppement concernant l’organisation de cette consultation : l’inscription d’office de quelque 1 000 natifs de Nouvelle-Calédonie (7 000 de statut civil coutumier, tous Kanak, et environ 4 000 de statut civil de droit commun) sur la liste électorale spéciale du référendum.

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C’est « le point de départ » pour une consultation « loyale et incontestable », s’était félicité le Premier ministre. Mais à leur retour sur le Caillou, certains indépendantistes ont critiqué l’accord, « n’excluant pas un boycott du référendum ».
« C’est normal qu’il y ait des débats », a relativisé la ministre des Outre-mer, Annick Girardin, qui accompagne le Premier ministre, tout comme la ministre de la Justice Nicole Belloubet et le secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu.
Mme Girardin a souligné que le projet de loi organique issu de l’accord politique « a eu un avis à l’unanimité au Congrès, un message fort ».

Dans ce territoire de 274 000 habitants où les Kanak sont minoritaires (39%), la liste électorale spéciale compte à ce jour 158 000 électeurs qui auront à se prononcer sur l’accession à la pleine souveraineté de la Nouvelle-Calédonie. 
La question qui leur sera posée n’est pas encore formulée, et fait l’objet d’un groupe de travail que le Premier ministre va rencontrer. Ce groupe de travail doit aussi se pencher sur l’organisation de la campagne électorale et la date du référendum. 
Ce dernier point est du ressort du Congrès de Nouvelle-Calédonie jusqu’en mai, après quoi, faute de décision, le gouvernement français tranchera. 
La date du 18 novembre, qui renverrait symboliquement au 18 novembre 1984, lorsque le Kanak Eloi Machoro avait brisé une urne à la hache pour dénoncer, déjà, le processus électoral, devrait être évitée.  
 
Les violences des année 1980 entre les communautés Kanak et d’origine européenne avaient culminé le 5 mai 1988 avec l’assaut de la grotte d’Ouvéa : 19 indépendantistes et deux militaires avaient été tués. 
Elles s’étaient conclues par les accords de Matignon du 26 juin 1988, signés sous l’égide de Michel Rocard, par Jean-Marie Tjiabaou (indépendantiste) et Jacques Lafleur (non-indépendantiste), que le Premier ministre commémorera en se recueillant sur les tombes des deux hommes.

Dix ans plus tard, l’accord de Nouméa avait prévu un référendum d’autodétermination, et la possibilité, en cas de rejet de l’indépendance, de deux autres scrutins.
« L’État jouera pleinement son rôle d’acteur et de garant de ce processus », a promis Edouard Philippe lors de sa déclaration de politique générale.

Dans ce territoire où Emmanuel Macron a devancé de 5 points seulement Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, le Premier ministre s’exprimera aussi devant le congrès de Nouvelle-Calédonie mardi.
Si pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait souhaité « que la Nouvelle-Calédonie reste dans la communauté nationale », Edouard Philippe devrait se garder de se prononcer. « Le gouvernement est engagé par l’accord de Nouméa, l’enjeu c’est d’assurer l’organisation du référendum », insiste Matignon.

Il devrait rappeler la « volonté du gouvernement d’être pleinement partie prenante à la construction de l’avenir institutionnel, économique et sociétal de la Nouvelle-Calédonie » et souligner « l’acquis des 30 dernières années ».

M. Philippe a prévu de visiter les trois provinces (du Nord, du Sud et des Iles Loyauté), et de rendre hommage, sur l’île de Tiga, à Kalepo Wabete, tirailleur kanak tombé au front en octobre 1918.
Dans un territoire marqué par une forte délinquance, notamment du fait d’une jeunesse en plein désarroi, le Premier ministre va aussi inaugurer un lycée à Mont-Dore, commune théâtre d’affrontements l’an dernier.
Il visitera également la mine de nickel du groupe SLN à Tiébaghi (nord) et l’usine métallurgique KNS de Vavouto, pièce maîtresse du rééquilibrage économique inscrit dans l’accord de Nouméa. 

AFP

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