Alors qu’aucun grand média américain n’a encore désigné le vainqueur, la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a jugé « évident » que Joe Biden allait « gagner la Maison Blanche ».
« Le président élu Biden a un mandat solide pour diriger », a-t-elle poursuivi en utilisant l’expression consacrée pour qualifier le vainqueur, jusqu’à sa prise de fonctions en janvier.
L’ancien vice-président de Barack Obama a prévu de faire un discours dans la soirée depuis son fief de Wilmington, dans le Delaware, a indiqué à l’AFP une source de son équipe de campagne.
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Une grande scène est installée en plein air depuis le jour de l’élection, mardi. Et le Secret Service, chargé de la protection des hautes personnalités, a renforcé vendredi ses effectifs d’agents autour de Joe Biden, 77 ans.
Mais les Etats-Unis attendent toujours de connaître avec certitude le nom de celui qui prêtera serment le 20 janvier.
Le dépouillement a avancé au compte-gouttes mais mené en Pennsylvanie depuis le scrutin de mardi, l’ancien vice-président démocrate y devance désormais le président républicain de plus de 12 000 voix.
Aucun média n’a pour l’instant attribué définitivement la victoire à un des deux candidats dans cet Etat du nord industriel du pays qui vaut 20 grands électeurs, remporté par Donald Trump en 2016. La marge a augmenté au fur et à mesure que les bulletins envoyés par courrier — souvent à 80% en faveur de Joe Biden — ont été comptés.
Si l’ancien vice-président de Barack Obama l’emporte en Pennsylvanie, il deviendra le 46e président américain, quelle que soit l’issue du dépouillement dans les autres Etats.
Recomptage en Géorgie
Au petit matin, le dépouillement en Géorgie, qu’aucun démocrate n’a remportée depuis 1992, avait déjà basculé en faveur de Joe Biden avec un peu plus de 1 500 voix d’avance.
Mais la marge est tellement « serrée » qu’il y aura un recomptage des votes dans cet Etat du Sud, a annoncé un haut responsable local.
Le compteur pour arriver au nombre magique de 270 grands électeurs — la majorité du collège électoral — ouvrant les portes de la Maison Blanche restait donc encore bloqué : 253 ou 264 voix pour Joe Biden, selon que les médias lui aient ou non attribué l’Arizona, et 214 pour Donald Trump.
À l’inverse de la Pennsylvanie et de la Géorgie, Donald Trump bénéficie directement, dans l’Arizona, de la prolongation du dépouillement.
Il était en train de rattraper Joe Biden, risquant de faire perdre au démocrate les 11 grands électeurs que l’agence AP et Fox News lui avaient attribués dès la nuit électorale, sur la base de résultats partiels et de modèles statistiques, une méthode habituellement sûre.
Trump plus isolé
Face aux résultats égrenés, globalement plus favorables à son rival, Donald Trump a lui crié jeudi une nouvelle fois à la fraude, sans apporter de nouveaux éléments.
« Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de nous voler l’élection », a-t-il lancé depuis la Maison Blanche, dans une tirade truffée d’approximations et de contre-vérités sur le décompte en cours.
Son équipe de campagne a prévenu vendredi que l’élection n’était « pas finie », dénonçant « les projections erronées proclamant la victoire de Joe Biden ».
Le 45e président des Etats-Unis apparaît isolé au sein de son propre parti dans sa croisade contre un « vol » du scrutin dont il serait la victime.
« Nous n’avons entendu parler d’aucune preuve », a réagi sur ABC Chris Christie, ex-gouverneur du New Jersey et allié du président, mettant en garde contre le risque d’attiser les tensions.
Donald Trump « a tort de dire que l’élection a été truquée, corrompue et volée », a tonné le sénateur républicain Mitt Romney, critique habituel du président.
Recours judiciaires
M. Trump a en revanche reçu le soutien de deux sénateurs républicains, Lindsey Graham et Ted Cruz. « Je peux vous dire que le président est en colère et je suis en colère, et les électeurs devraient être en colère », a déclaré ce dernier sur Fox News.
Comme depuis mardi, Joe Biden a jeudi une nouvelle fois appelé au calme et à la patience. « Personne ne nous prendra notre démocratie. Ni aujourd’hui, ni jamais », a-t-il tweeté.
Quelques heures plus tôt, le candidat démocrate s’était dit certain, dans une intervention à la tonalité présidentielle, de sa victoire imminente.
« Je demande à tout le monde de rester calme. Le processus fonctionne, le décompte s’achève et nous saurons très bientôt », a-t-il déclaré à Wilmington. « Nous n’avons aucun doute sur le fait que lorsque le dépouillement sera terminé (…) nous serons déclarés vainqueurs ».
Le président républicain avait déclaré, dans la première nuit post-élection, qu’il avait gagné l’élection et qu’il ferait intervenir la Cour suprême, restant évasif sur les motifs.
En réalité, ses avocats ont lancé de multiples actions judiciaires au niveau des Etats, avec par exemple la menace de demander un recomptage dans le Wisconsin.
Les démocrates estiment les plaintes sans fondement, mais ces recours pourraient retarder de plusieurs jours ou semaines l’homologation des résultats.