A Saint-Martin, les collines comme brûlées par l’ouragan Irma

Publié le

Publié le 07/09/2017 à 7:43 - Mise à jour le 07/09/2017 à 7:43

Plus d’arbres, plus de palmiers… l’ouragan resté trois jours en catégorie 5, – maximum sur l’échelle d’intensité des ouragans – avant d’être rétrogradé en catégorie 4 vendredi, les a complètement dénudés, quand ils n’ont pas été brisés.
Dans la ville de Marigot, chef-lieu de Saint-Martin, c’est le chaos : les toitures sont crevées, éventrées, des débris de tôle, de ferraille et de végétaux jonchent le sol, les routes sont encore légèrement inondées. 

Mais le déblaiement est en cours par endroit. La population dégage les obstacles, scie les arbres, fait des tas de branchages. Dans le ciel, des hélicoptères tournent, quelques sirènes retentissent de temps en temps.
Sur le quai du port, une troupe de touristes attend, l’air fatigué, un bateau qui voudra bien les emmener loin de l’île dévastée. Ce sont des Américains de New York et du New Jersey. « Nous étions à l’hôtel », explique Gary Epstein, un quadragénaire qui termine avec son épouse des vacances au goût amer. 

Autour de lui, tous veulent raconter : « L’eau est montée jusqu’au deuxième étage, on n’avait plus d’eau, plus d’électricité, plus d’information, juste du bruit, du bruit, un bruit assourdissant ».

Dans le quartier commerçant de Galice Bay, des militaires patrouillent, armés. Ils sécurisent notamment un Super U, le seul supermarché qui n’a pas été pillé dans la ville. 

Alors que l’électricité est revenue vendredi dans certains quartiers, l’eau est toujours coupée partout. 
Et ceux qui ont des voitures en état de marche s’en servent pour recharger leur téléphone en gardant le moteur allumé pour alimenter la batterie, sur les trois ou quatre points de la ville connus pour être connectés au réseau téléphonique. 

 

Hervé Meunier, le directeur du Super U est rassuré : « Depuis ce matin, on voit des bateaux qui arrivent, des secours, et cela nous soulage. Car vous savez, c’est long, trois jours sans rien ». Autour de son magasin, il raconte avoir vu des rats venir fouiller dans les poubelles qui s’amoncellent.

Dans les rues, des groupes de gens discutent, prennent des nouvelles les uns des autres, évoquent ce qu’ils ont vécu, racontent les pilleurs qui passent avec des frigos, les agressions parfois. Certains minimisent avec ironie : « ça tire de temps en temps mais c’est tout ». « Dans la partie hollandaise, hier il y avait un embouteillage », raconte Philippe, Martinois depuis 28 ans. « C’étaient des pilleurs qui viennent avec des camions se fournir en appareils en tout genre ».

Selon lui, le nombre de morts annoncés -neuf selon le dernier bilan communiqué vendredi par le ministre de l’Intérieur Gérard Colomb- est « totalement utopique ». « Pour moi, dit-il, ça va se monter à trois chiffres ». Certains se posent la question de savoir s’il vont rester dans l’île, inquiets notamment pour la scolarisation des enfants, vu les dégâts subis par de nombreux bâtiments scolaires. Quant à José, le nouvel ouragan qui s’approche de l’île, les gens ne sont paradoxalement pas particulièrement paniqués par son arrivée programmée samedi. Beaucoup ignorent encore qu’il est passé en catégorie 4, ce qui pourrait expliquer cette insouciance relative. Une question est dans toutes les bouches : « Et après ça, on fait quoi ? »

AFP

Dernières news