« Aucune infraction constatée dans notre ZEE depuis 2007 » . C’est par ce rappel que Warren Dexter, en l’absence du ministre de l’Agriculture et des Ressources marines Taivini Teai, en déplacement à Nice pour la Conférence des Nations Unies sur les Océans, a répondu à l’interpellation d’Édouard Fritch, ce jeudi lors des questions au gouvernement, portant sur la surveillance de la pêche dans la ZEE polynésienne.
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Pour le représentant du Tapura Huiraatira, « une désinformation persiste » , propagée « notamment par certains cercles indépendantistes » , selon laquelle « des milliers de bateaux, venus de Chine, d’Europe et d’ailleurs » pilleraient les ressources halieutiques locales. Ces accusations, qualifiées de « piège » , « ne reposent sur aucun fait vérifiable » , a-t-il insisté.
Édouard Fritch a dénoncé une mise en doute injustifiée de la compétence du Pays, et de l’État, à gérer ses ressources maritimes. « Elle jette le doute sur la rigueur de notre surveillance maritime, sur le professionnalisme de nos pêcheurs et sur la compétence exercée par la Polynésie française en matière de gestion des pêches (…) Depuis 1996, notre volonté est claire et constante. Nous avons décidé qu’aucun navire battant pavillon étranger, y compris français, européens, n’est autorisé à pêcher dans notre zone économique » .
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La filière locale, a indiqué Warren Dexter, est structurée autour de 320 potimararas, 24 bonitiers et 82 palangriers hauturiers, tous immatriculés localement. Le modèle polynésien, a-t-il rappelé, privilégie la pêche à la ligne, seule autorisée, et rejette toute technique jugée destructrice comme les DCP dérivants ou la senne.
« Depuis 2001, la Polynésie n’a délivré aucune licence de pêche à des navires étrangers, qu’ils soient chinois, européens ou métropolitains » , a insisté le ministre, soulignant toutefois que « le passage de navires de pêche étrangers dans nos eaux est une réalité » . Ces derniers bénéficient du droit de passage inoffensif accordé par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (Montego Bay, 1982).
Mais c’est surtout à la limite de la ZEE que les tensions s’aiguisent. En 2023, plus de 2 500 navires industriels étrangers auraient opéré dans les eaux internationales du Pacifique Sud, à proximité directe de la zone polynésienne. « Les flottes étrangères utilisent massivement les DCP dérivants, plus de 1 200 actifs par mois, attirant artificiellement les stocks de juvéniles de bonites, thons jaunes et thons obèses, y compris aux abords de notre zone » , a précisé Warren Dexter.
En comparaison, la pêche polynésienne a prélevé 8 600 tonnes de poissons en 2024, soit seulement « 0,2 % de l’effort de pêche dans le Pacifique » . Raison pour laquelle, justifie le gouvernement, Moetai Brotherson a plaidé, à la conférence des Nations unies sur l’océan à Nice, pour une sanctuarisation de la ZEE. Une ambition qui devrait se traduire par la création d’aires marines protégées reconnues à l’échelle internationale.
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Selon le gouvernement, la surveillance est à la hauteur des enjeux. En 2024, 432 heures de mer et 50 heures de vol ont permis de contrôler ou survoler 154 navires étrangers, sans qu’aucune infraction ne soit constatée dans la ZEE depuis 2007. « Ces résultats sont rendus possibles grâce à des moyens maritimes, aériens, humains et technologiques coordonnés entre l’Etat et le Pays. Nous souhaitons que ces moyens de surveillance et de recherche soient renforcés au regard de la pression extérieure grandissante. En conclusion, aucun navire étranger n’est autorisé à pêcher dans la ZEE polynésienne » , a conclu Warren Dexter.