Manuel Valls a ensuite annoncé plusieurs mesures pour combattre le terrorisme, « à une situation exceptionnelle doivent répondre des mesures exceptionnelles. Mais je le dis aussi avec la même force : jamais des mesures d’exception qui dérogeraient aux principes du droit et à nos valeurs » :
Concernant la menace extérieure : le Premier ministre a rappelé l’engagement de la France sur plusieurs territoires : au Mali et dans plusieurs pays africains à travers l’opération Barkhane. Par ailleurs, les députés ont voté lors de cette séance le prolongement de l’engagement des forces armées françaises en Irak.
Concernant la menace intérieure : le Premier ministre a là aussi fait quelques rappels : « Le Parlement a déjà voté deux lois antiterroristes, la dernière il y a quelques semaines encore, à une très large majorité. Les décrets d’application sont en cours de publication. » Une commission d’enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes a été créée le 3 décembre dernier à l’Assemblée nationale et une commission d’enquête sur l’organisation et les moyens de la lutte contre les réseaux djihadistes en France et en Europe existe depuis le mois d’octobre au Sénat.
• Un renforcement des moyens
» Tirer des leçons, c’est d’abord prendre conscience que la situation change en permanence et que les services en charge du renseignement intérieur et la juridiction antiterroriste doivent être régulièrement renforcés », a expliqué Manuel Valls, saluant par ailleurs le travail des services de renseignement et de la justice antiterroriste : « À cinq reprises en deux ans, ils ont permis de neutraliser des groupes terroristes susceptibles de passer à l’acte. »
Le Premier ministre a annoncé 432 emplois en plus sont prévus à la DGSI (direction générale de la sécurité intérieure).
« Un prochain projet de loi, quasiment prêt, visera à donner aux services tous les moyens juridiques pour accomplir leurs missions, tout en respectant les grands principes républicains de protection des libertés publiques et individuelles. »
• Lutter contre le trafic d’armes
« Je pense à la question épineuse, particulièrement complexe, mais qu’il faut traiter encore avec plus de détermination, celle des trafics d’armes dans nos quartiers. »
• Surveiller les réseaux sociaux
« J’ai demandé au ministre de l’Intérieur de m’adresser, dans les huit jours, des propositions de renforcement. Elles devront notamment concerner Internet et les réseaux sociaux, qui sont plus que jamais utilisés pour l’embrigadement, la mise en contact et l’acquisition de techniques permettant de passer à l’acte. »
• Mise en place de la PNR
« Au cours de l’année, nous lancerons également la surveillance des déplacements aériens des personnes suspectes d’activités criminelles. C’est le système de l’utilisation des données des dossiers passagers – PNR. La plateforme de contrôle française sera opérationnelle dès septembre 2015. (…) Il reste à mettre en place un dispositif similaire au niveau européen. »
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• Des quartiers spécifiques en prison
« Les phénomènes de radicalisation se développent – nous le savons, vous l’avez dit – en prison. Cela n’est pas nouveau. Il faut, là aussi, accroître nos efforts dans nos prisons. (…) La surveillance des détenus considérés comme radicalisés sera organisée dans des quartiers spécifiques. »
• Protéger la jeunesse
« Une formation de haut niveau sera dispensée, aussi, aux services de la protection judiciaire de la jeunesse. Comprendre le parcours de radicalisation d’un jeune est toujours complexe. » Par ailleurs, une unité de renseignement va être créée au sein de la Direction de la protection judiciaire de la jeunesse.
• Un nouveau fichier
Le Premier ministre a annoncé la mise en place d’un nouveau fichier : « Il obligera les personnes condamnées à des faits de terrorisme ou ayant intégré des groupes de combat terroristes, à déclarer leur domicile et à se soumettre à des obligations de contrôle. »
« Je veux dire avec gravité à la représentation nationale, et à travers elle à nos concitoyens, que non seulement la menace globale est toujours présente, mais que des risques sérieux et très élevés demeurent, liés aux actes de la semaine dernière : risques liés à d’éventuels complices, ou encore émanant de réseaux de donneurs d’ordre du terrorisme international ou de cyberattaques. (…) Sommes-nous en guerre ? La question a en réalité peu d’importance, car les terroristes djihadistes, en nous frappant trois jours consécutifs, y ont apporté une nouvelle fois la plus cruelle des réponses. ( …) Il faut toujours dire les choses clairement : oui, la France est en guerre contre le terrorisme, le djihadisme, et l’islamisme radical. La France n’est pas en guerre contre une religion, la France n’est pas en guerre contre l’islam et les Musulmans. »
Le Premier ministre Manuel Valls souhaite apporter une réponse « forte et sans hésitation ».
« La laïcité, c’est la possibilité de croire ou de ne pas croire : face à l’attaque que nous avons connue, la France doit plus que jamais combattre pour l’éducation à ces valeurs fondamentales. C’est un autre aspect de notre réponse à ces attentats. Arborons fièrement ce principe, puisqu’on nous attaque à cause de la laïcité, à cause des lois que nous avons votées interdisant les signes religieux à l’école, et prohibant le port du voile intégral. Revendiquons ces lois, car elles doivent nous aider à devenir plus forts encore ! » a-t-il encore dit, terminant son discours dans un tonnerre d’applaudissements des députés.
(Source AFP)