SOS Suicide Polynésie tire la sonnette d’alarme

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Depuis le mois de janvier, 10 morts par suicide ont été recensées au fenua, dont 4 en l’espace d’une semaine. Des chiffres qui inquiètent, les autorités, la population et surtout les membres de l’association SOS Suicide qui œuvrent sans relâche pour venir en aide aux personnes en détresse.

Publié le 18/03/2024 à 16:34 - Mise à jour le 19/03/2024 à 9:57

Depuis le mois de janvier, 10 morts par suicide ont été recensées au fenua, dont 4 en l’espace d’une semaine. Des chiffres qui inquiètent, les autorités, la population et surtout les membres de l’association SOS Suicide qui œuvrent sans relâche pour venir en aide aux personnes en détresse.


Le mois de mars a été particulièrement tragique au fenua : 4 suicides ont été recensés en l’espace d’une semaine. Trois sur 4 concernent des individus de moins de 25 ans. « Ces personnes qui se sont suicidées ne nous ont pas appelés. C’est triste, nous sommes un peu en deuil nous-mêmes » déplore Annie Tuheiava, présidente de SOS Suicide.

Harcèlement à l’école pour les plus jeunes, rupture amoureuse pour les ados et jeunes adultes, maladie ou encore perte d’emploi pour les autres, les facteurs déclencheurs sont divers. Chaque cas est différent. Devant la recrudescence du nombre de personnes qui passent à l’acte et dont l’issue est fatale, la présidente de l’association tire la sonnette d’alarme : « C’est un mal-être en général, une dépression, qui génère des pensées suicidaires. (…) Le constat qui est nouveau, c’est que maintenant, les jeunes de 13 ans pensent au suicide, et même plus jeunes encore. (…) Ce qui nous manque, c’est un accompagnement aux familles endeuillées. Je les invite à nous appeler. On peut mettre en place un accompagnement pour eux pour qu’ils fassent le deuil. Nous avons des psychologues spécialisés en la matière. Ne subissez pas le suicide, appelez-nous ».

L’association a créé un réseau de sentinelles : « Nous sillonnons toute la Polynésie, nous allons dans les collèges, les lycées… On les forme à être des sentinelles de prévention du suicide, c’est-à-dire prévenir un adulte si un jeune vit un mal-être, un problème lourd à porter, et que les parents et les enseignants ne savent pas souvent. Nous travaillons aussi avec les infirmiers des établissements scolarisés. L’un des signes, c’est l’isolement, quand les personnes s’isolent, ne parlent plus ».

Annie Tuheiava, présidente de SOS Suicide (Crédit photo : Tahiti Nui Télévision)

Ces derniers jours, les décès par suicide ont fait l’objet de nombreuses publications sur les réseaux sociaux, commentées et partagées par les internautes. Une propagation qui pose un problème. Les spécialistes alertent sur le sujet. « Ils peuvent un peu faire comme une caisse de résonance qui a pour risque d’amplifier l’état de mal-être de la personne qui est sur le réseau, et potentiellement l’amener à des actes plus graves le concernant. (…) On sait depuis longtemps que médiatiser et informer sur le suicide de quelqu’un, c’est à faire avec beaucoup de délicatesse, car on connait en quelque sorte un phénomène de contagion de l’acte suicidaire auprès des personnes les plus vulnérables » explique Nathalie Colin-Fagotin, psychologue et fondatrice de Familypsy.

Une triste actualité qui a réveillé de mauvais souvenirs, pour Hina. Il y a quelques années, elle a attenté à sa vie plusieurs fois, pour des raisons familiales. Grâce à sa mère, notamment, elle a repris goût à la vie : « Même si on est bien entouré, on se sent seul. Et on veut partir pour arrêter cette souffrance. Je suis passée plusieurs fois à l’acte. (…) Ma maman m’a bien entourée, j’avais 18 ans à l’époque. Elle m’a fait interner parce qu’elle n’arrivait plus à me gérer, et j’étais violente envers moi-même. J’ai été internée pendant 2 mois et on m’a mis sous cachets pour que mon cerveau ne réfléchisse plus et que je me sente bien. Après cet épisode de psychiatrie, j’ai mis des mois encore à remonter la pente, et j’ai fait un gros travail sur moi-même, car j’avais un bébé de 5 mois et que je devais rester en vie pour lui. Et je me disais que la vie était quand même belle et que je méritais de vivre ». Son message pour ceux qui sont en détresse : « Je veux vous dire que la vie est belle, même si c’est facile à dire, et qu’il faut continuer à vivre, car après, vous serez bien. Mes enfants aujourd’hui ont eu des enfants, et je suis mamie et contente d’être en vie et de voir tout ça maintenant. Donc, tenez bon, tenez à la vie, ça ne vaut pas le coup de faire ça ».


Pour lutter plus efficacement contre le risque de passage à l’acte, l’association SOS Suicide demande la mise en place d’un observatoire sur la thématique pour centraliser les données et mieux cibler ses interventions.

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