« Solidarité Productive » ou une autre manière de sortir de la précarité

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Publié le 16/10/2017 à 9:17 - Mise à jour le 16/10/2017 à 9:17

De 8h30 à 20 heures, une cinquantaine d’exposants et des animations gratuites, dont un concert de Pepena, des démonstrations d’art martiaux ainsi qu’un spectacle de danse de la troupe Teva I Tai seront présents pour faire de cette journée un moment festif. Mais cette journée a d’autres visées.

D’une part, présenter les différents acteurs qui travaillent dans la cohésion sociale, que ce soit en matière environnementale, au niveau de l’emploi, de la réinsertion, de la formation et présenter l’association « Solidarité Productive », tout nouvelle, qui a le soutien du gouvernement.

« Le but de notre association est d’améliorer la qualité de vie des plus démunis du fenua, et pour cela on revisite un petit peu la solidarité. », explique Loïc Labbé, pdt de Solidarité Productive.

Encore une association qui surfe sur la mode « solidaire » avec comme seul mot d’ordre « l’assistanat » diriez-vous. Pas vraiment. Ils ont fait leur, le proverbe, « Si tu donnes un poisson à un homme il mangera un jour; si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours »

« Nous ne sommes pas dans l’aide ou l’assistanat. On est vraiment dans l’assistance mutuelle. Si l’aide d’urgence fait partie de nos missions, l’aide quand elle devient pérenne, pour nous s’assimile à de l’assistanat, et nous ne sommes pas du tout dans cette mouvance., » explique Loïc Labbé.

Quelle mouvance alors? « Ce que l’on recherche, c’est avoir un intérêt commun. A savoir que les gens que nous allons former, par l’intermédiaire de nos bénévoles, de façon à ce qu’ils puissent s’en tirer, doivent prendre conscience qu’une part du travail leur échoit. Ils doivent faire des efforts de leur coté de façon à ce que l’on avance tous dans le même sens. »

L’association compte travailler sur cinq domaines:

  • L’agriculture biologique sous toutes ses formes aquaponie, permaculture et d’hydroponie, la vanille, travailler les essences rares de façon à produire des huiles essentielles.

 

  • La transformation agro-alimentaire et cela, sans sucre ajouté, « Ceci, de façon à lutter contre les maladies cardio-vasculaire, obésité et diabète. » Le tout accompagné de formation en partenariat avec le ministère de la Santé et des diététiciens qui enseigneront comment manger équilibré etc…

 
 

  • La couture, avec par exemple, des réfections de vêtements, de la création et aussi la fabrication de couches lavables. Démarche économique et écologique, car « Les couches jetables sont une véritable catastrophe pour l’écologie, de plus nous sommes l’un des rares pays à ne pas les utiliser de façon importante, d’autant que le budget couche pour un enfant, est estimé à environ 120 000 Fcfp par an. Ce qui pour une famille qui émerge au RSPF, est un budget énorme. »

 

  • L’hygiène, avec la fabrication de savon, de shampoing, de dentifrice, détergent et insecticide, le tout biologique.

 
 

  • La transformation et le reconditionnement d’appareil électroménager, de bois de palettes, et aussi la récupération d’ordinateur, de façon à les remettre en état et d’y installer Linux qui est système d’exploitation entièrement gratuit, ceci afin de lutter contre la fracture numérique. De plus, des électriciens, plombiers et autres représentants de corps de métiers ayant trait au bâtiment, viendront fomenter quelques formations. « Ce seront des personnes qui soit sont à la retraite, soit des actifs sensibilisés à la fracture sociale du fenua. »

 
Pour mettre en place ces formations, il fallait un lieu. « Nous allons avoir notre magasin solidaire propre à notre association. Chaque membre de l’association, qu’il soit bénévole, qu’il dispense son savoir ou qu’il vienne apprendre, à chaque fois qu’il viendra passer une heure au sein de l’association se verra remettre un Manu. Avec cette monnaie d’échange, il pourra s’équiper au magasin  de  nourriture, de couches, de matériel informatique ou de l’électroménager. »

Le nerf de la guerre restant l’argent, il faut bien en avoir un minimum pour subvenir au frais, location des locaux, rémunérer les encadrants etc…. Pour cela, l’association a mis au point un système. Les 60-30-10: « Au niveau du fonctionnement, 60% de la production générale reviendra aux familles dans le besoin, 30% sera mis en vente en circuit court pour alimenter financièrement l’association et 10% reviendra à la commune d’accueil, de façon à payer locaux et terrain mis à la disposition de l’association. » En l’occurrence, la commune de Tairapu Ouest qui a déjà passé une convention avec l’association.

Pour autant, ce magasin ne sera pas ouvert à tous, mais exclusivement aux membres de l’association. « Pour être membre, les demandeurs doivent passer nécessairement par la mairie, car c’est elle qui fera une présélection des gens les plus motivés, car les mairies sont les plus à même de connaître leurs administrés . Il y aura un entretien, et si les personnes adhèrent à notre philosophie, ils seront membres ».

Le magasin solidaire est inhérent à l’association et une personne non adhérente ne pourra y faire ses emplettes à des prix battant toute concurrence. « Par contre, nous irons vendre en circuit court, 30% de la production à l’extérieur, à des petites associations ou par exemple à des écoles qui n’ont pas les moyens de s’équiper en parc informatique, celles-ci pourront nous les louer pour environ deux ou trois mille FCP par mois », précise Loïc Lappé.
 
Samedi, il y aura aussi une tombola à trois millions qui permettra à l’association de récupérer un peu d’argent, puis à la suite de cette journée, un crowdfunding sera lancé sur la plateforme KissKissBankBank et les sommes ainsi recueillies, plus un complément du Pays permettront ainsi à l’association de démarrer.
 

Pascal Bastianaggi

Pour contacter l’association:
FaceBook: https://www.facebook.com/Solidarit%C3%A9-Productive-1391862727493810/
Site web: https://solidariteproductive.jimdo.com/

 

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