Six polynésiens distingués pour acte de courage et de dévouement

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Publié le 24/10/2017 à 18:04 - Mise à jour le 24/10/2017 à 18:04

Le 23 janvier 2017, la Polynésie était placée en état de calamité naturelle après de fortes pluies. Des centaines de maisons ont été inondées , principalement au Nord de Tahiti. Leurs habitants ont du être relogés.
A Tenaho, l’un des quartiers les plus durement touchés à Pirae, René Kaimuko, l’un des sinistrés, racontait alors : « J’avais un copain dialysé… je l’ai pris avec moi pour le faire sortir de la chambre, sinon, il se serait noyé… On s’est mis à l’abri à côté, il y a un mur qui nous protégeait. On est resté là et le toit s’est ensuite écroulé…  » Les deux hommes seront finalement pris en charge par les secours au bout de 4 heures.
Le lendemain, ils recevaient la visite des autorités : « c’est miraculeux! » commentait le Haut-commissaire, René Bidal, frappé par ce récit et par l’ampleur des dégâts. 
René Kaimuko et son voisin ont depuis été relogés à la Cité Grand. René continue à veiller sur celui qu’il a sauvé : « On a grandi ensemble, on jouait au volley ball, au foot, au ping-pong dans le quartier. C’est mon ami d’enfance! » 

« Ce soir là on est rentrés, il pleuvait, il y avait presque 50 cm d’eau sur la route, et arrivés dans le jardin, l’eau montait… Le copain me disait : il faut qu’on parte! « , se souvient René. « 10 minutes après, on ne pouvait plus sortir de la maison, l’eau était trop haute! Quand je suis allé le chercher, il était déjà sous l’eau. Je l’ai soulevé pour le faire sortir. Il m’a dit de passer par l’arrière de la maison pour se mettre à l’abri. On est restés là. ». Georges Terii ajoute : « Il m’a quand même sauvé la vie quand je suis parti en bas dans l’eau. Il m’a pris par la main et il est resté avec moi. »
René Kaimuko conclut : « C’est mon ami. On a grandi ensemble. Je n’allais pas le laisser comme ça. S’il était parti, moi aussi. C’est ça que je lui ai dit! »

Il n’a pas non plus dormi cette nuit-là… Frédéric Poroi, est mécanicien à Ahonu. Il a lui aussi passé plusieurs heures à secourir Teanuanua, son voisin…l’une des victimes les plus gravement blessées lors de ces fortes pluies…
« C’est l’un de ses enfants qui est venu me chercher pour me dire que son père était bloqué sous sa maison », explique Frédéric. Il poursuit : « Arrivé sur les lieux, j’ai vu que la terre était rentrée dans sa maison. J’ai découpé la moitié de sa maison avec ma tronçonneuse, ce que je trouvais… et je me suis rendu compte qu’il était bloqué par une poutre et qu’un gros rocher l’empêchait de sortir. Il me disait : « Sors-moi de là, fais quelque chose!  » .. J’ai essayé de faire de mon mieux et 2 ou 3 heures après il est sorti, et les pompiers sont arrivés ». 

Après 8 mois à d’hospitalisation, Teanuanua n’a pas encore retrouvé l’usage de sa jambe endommagée. Il vit chez ses enfants. 
« J’ai eu vraiment peur. J’ai vraiment compté sur lui », raconte le père de famille. « La terre était sur le point de m’embourber. Je ne croyais pas que je m’en sortirais! » 
Teanuanua est sorti du CHPF il y a un mois. Il espère remarcher un jour « On a voulu m’amputer mais j’ai refusé… ça reprend un peu. »
Optimiste, l’homme de 53 ans garde le sourire. Mais il reverra son voisin en dehors de Ahonu : « Je ne retournerai plus jamais là bas. Je vais aller vivre au district. J’ai eu trop peur. »


Jeudi, René et Frédéric seront décorés par le Haut commissaire pour acte de courage et de dévouement. 
Nadia Toomaru, Tauhiti Tehei et Moïse Tamarii seront eux aussi récompensés pour avoir aidé plusieurs familles. Cédric Pons, le 6ème a être distingué, le sera lui pour son professionnalisme lors de l’enquête de l’attentat de Nice, en juillet 2016. 

Laure Philiber et Esther Parau Cordette

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